La mise en jeu du corps dans la maternité : contribution à la question de la féminité
Institution:
Université Louis Pasteur (Strasbourg) (1971-2008)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Pas de résumé disponible.
Abstract FR:
Ces dernières décennies ont été marquées, dans notre monde occidental, par une transformation considérable du rapport des hommes et des femmes à la procréation, sur fond d'une évolution socioculturelle favorisant la liberté et les droits individuels. Partant des modèles et des normes forges par la modernité, la recherche proposée porte sur les enjeux et les problématiques psychiques de la maternité, en soulignant combien l'expérience corporelle de la grossesse sollicite profondément les femmes dans leur subjectivité et questionne chacune au niveau de son être, de son identité, de son désir. Si aujourd'hui, l'attente d'un enfant s'énonce communément dans les termes d'un bonheur évident, plusieurs années de pratique clinique en milieu hospitalier auprès de femmes enceintes et accouchées font valoir que le temps de l'enfantement est dans la vie d'une femme un moment existentiel crucial, qu'il constitue une épreuve troublante, traversée de fantasmes et de sentiments paradoxaux. La grossesse est un état qui soumet la femme à la spécificité biologique de son sexe, a travers la mise en jeu du corps féminin dans la procréation, et qui la confronte, sur un mode toujours ambivalent, au remaniement de son image et de son corps, à partir duquel s'incarnent des fantasmes de complétude, des rêves de fusion appelant une réélaboration du manque et de la perte. Centrée sur l'impact psychique de l'engagement corporel dans la maternité, l'analyse clinique montre que les problématiques subjectives impliquées à l'occasion d'une grossesse, sont celles de l'identité sexuée, du lien à la mère, du narcissisme et de l'incomplétude. Il ressort, en référence aux textes théoriques de la psychanalyse (Freud, Lacan) que la maternité ne constitue pas l'accomplissement de la féminité, mais révèle à la femme son manque à être, ainsi que la dimension de perte et de rapport à la mort inhérente a la transmission de la vie.