Abstract FR:

On ne s'est pas suffisamment intéressé à la dimension anthropologique de Freud, c'est-à-dire à la manière dont il aborde et dont il enrichit la connaissance de l'universel humain. Considérés de près, les écrits de Freud laissent entrevoir l'ambivalence de ce médecin qui ne s'élève vers les régions de l'universalité philosophique que par une "audacieuse extrapolation". Nous avons étudié ce rapport en gestation, en envisageant les relations que Freud entretint avec des pédagogues qui rejoignirent le mouvement psychanalytique des 1909. Nous avons tout d'abord montré la proximité de Freud et de ces pionniers et son extrême sympathie vis-à-vis de l'application pédagogique de la psychanalyse. Puis nous avons trace l'histoire du mouvement de pédagogie psychanalytique et envisage les raisons historiques et ontologiques de la nécessité d'une rencontre (partie I). Notre recherche s'est alors orientée dans quatre directions avec l'étude des plus importants protagonistes du mouvement : August Aichhorn ; Hans Zulliger ; Oskar Pfister ; Anna Freud. Ces quatre études sont hétérogènes à proportion de quatre fortes personnalités ; de quatre créations dans des champs de formation différents. Mais elles sont homogènes dans la mesure où elles permettent d'éclairer un double questionnement : d'une part, leur confrontation à Freud reprend la question non résolue des rapports entre psychanalyse et pédagogie et elle envisage les diverses manières dont les uns et les autres ont tenté de conjuguer deux « impossibles métiers », au début du siècle. Les résultats de cette enquête mettent en évidence une relation en miroir. Mais plus profondément, la rencontre des éducateurs et de Freud est celle de deux points de vue sur l'homme : le naturalisme et une perspective innéiste qui parait propre au métier d'éduquer. Cette rencontre soulève la question éternelle des rapports, en nous, de la nature et de la liberté.