L'écriture du trauma dans les "Récits de la Kolyma" de Varlam Chalamov
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The "recits de la Kolyma" are the authentic witnessing without pity of the concentration camps of Staline. Throughout words of his camp life Chalamov depicts how language goes from bankruptcy to resurrection. He adds a significant stake to the problem, well posing the question of trauma and poetry. Three linked ways interlace the framework of the "recits" where hunger and writing constitute the theme of the work and punctuates the complexity of information. It seemed appropriate to entitle these ways : "d'une mere à l'autre", "de la nausee a l'inspiration". "de la déportation au rapatriement", to describe Chalamov's journey, which leaves the reader to read in the mirror the huge suffering of the neurosis and the tragedy endured in the camp. The effect on the reader of this unique experience of Chalamov's descent into hell, and what he gives to history and to the history of psychoanalysis, is an exceptional piece of art telling about the "masterpiece of the psychological nature" which is the particular neurosis of this work: the neurosis of trauma. In this unique story he covers two fields. His singularity holds essentially to the opening of another space, that finds in the two preceeding his point of anchorage: the access to this "rumour" of pre-verbal seems for the author to constitute the heart where the sparks of poetic creation come. From this he makes the reader cross the line that separates the accidental trauma from the original one.
Abstract FR:
Les "récits de la Kolyma" constituent un témoignage authentique du caractère impitoyable des camps staliniens. A travers eux Chalamov parvient avec des mots à décrire ce qui signe la faillite du langage et sa résurrection et à faire du signifiant l'enjeu d'un problème, posant ainsi, à la fois, la question du trauma et de l'écriture poétique. Trois itinéraires indissociables, intriqués à la trame du texte, où la faim et l'écriture, constituent le noyau central de l'œuvre, se dégagent du foisonnement des informations jalonnant le texte. Itinéraires qu'il nous a semblé légitime d'intituler. "D’une mère à l'autre", "de la nausée a l'inspiration". "De la déportation au rapatriement". Dans ces parcours, se laissent lire en miroir, le pathétique de la névrose et la tragédie endurée au bagne. Tel est l'effet de lecture ressentie par le lecteur: une expérience unique du bagne que Chalamov restitue à l'histoire, et à l'histoire de la psychanalyse, une œuvre d'art exceptionnelle sur "cette œuvre d'art de la nature psychique" qu'est la névrose, plus particulièrement dans cet écrit, de la névrose traumatique. Un récit unique pour parcourir deux champs dont la singularité tient essentiellement à l'ouverture à une autre espace qui trouve dans les deux précédents son point d'ancrage: l'accès à cette "rumeur" du pré-verbal qui semble, pour l'auteur, constituer le foyer d'où jaillit à la source, la création poétique. De ce fait, il fait franchir au lecteur cette ligne qui sépare le trauma accidentel du trauma originaire: lésion incontournable du réel par le langage qui nomme en deçà du refoulement.