Les deuils pathologiques : traduction et validation de l'Inventaire de "deuil compliqué" (Inventory of complicated grief, de H.G. Prigerson et al., 1995-1996) chez 107 patients psychiatriques hospitalisés et 100 témoins de la population générale : comparaison avec l'échelle T.R.I.G. (Texas revised inventory of grief, Faschingbauer et al., 1983)
Institution:
Bordeaux 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Part one of this thesis presents various conceptualization and interpretations of the experience as well as behavior of bereavement and grief using 20th century models of psychopathology. Recent descriptive naturalistic, longitudinal and epidemiological studies of the general population helped define the clinical aspects of "normative grief", and in particular the model of "non complicated bereavement (DSM-III, DSM-IV, CIM 10). Grief normally evolves according to four stages (shock, separation anxiety and research behaviour, working through one's grief and spontaneously resolving depression, and finally a stage of recuperation), with each stage having its own characteristics. Conversely, abnormal, psychiatric, or pathological grief has been defined, and in particular the model of "complicated grief" which is characterized by chronicity as well as by psychosocial and somatic complications. The ICG (Inventory of complicated grief, Prigerson et al. , 1995-1996) is a quantitative instrument specific to grief which allows for distinguishing separation distress and traumatic distress on the one hand, and the grief reactions of depression and anxiety on the other. Using a dimensional approach, the ICG helps identify bereaved persons at high risk for psychological and somatic disorders (cancer, heart disease, etc. . . ), and its therefore of major interest in a health psychology. As twenty percent of all bereaved subjects will present with complicated grief, this represents an important public health concern. Part 2 of this thesis reviews the controversys relative to the different qualitative and/or quantitative approaches to bereavement and grief, and in particular the quantitative grief scales such as the TRIG, CBI and ICG. The 3rd part presents an individual empirical study based on a sample of 108 psychiatric inpatients compared to 100 subjects from the general population. The results of the investigation confirme the excellent construct validity, criterion validity and convergent validity of the ICG, compared to the TRIG.
Abstract FR:
Dans la partie I sont résumées les conceptions et interprétations de l'expérience et du comportement de deuil, avec les modèles psychopathologiques proposés au cours du XXème siècle. Les études descriptives, naturalistes, longitudinales, épidémiologiques, dans la population générale, ont précisé la clinique du deuil, en particulier le modèle du "deuil non compliqué" (DSM-III, DSM-IV, CIM 10). Les réactions de deuil évoluent normalement en 4 stades (choc, angoisse de séparation et comportement de recherche, travail de deuil et dépression spontanément résolutive, enfin phase de récupération), ayant chacun ses caractéristiques. À l'opposé, des "deuils pathologiques", psychiatriques, anormaux, etc. . . . Ont été définis, en particulier le modèle du "deuil compliqué", caractérisé par la chronicisation et des complications psychosociales et organiques. L'ICG (Inventory of complicated grief, Prigerson et al. , 1995, 1996), échelle de psychopathologie quantitative, spécifique du deuil, permet de faire la distinction entre les symptômes témoignant d'une "détresse de séparation" et d'une "détresse traumatique", et les réactions de dépression et d'anxiété liées au deuil. Elle permet de repèrer, dans une approche dimensionnelle, les endeuillés à risque accru de pathologies psychiques et organiques (cancers, cardiopathies, etc. . . . ) d'où son intérêt majeur en psychologie de la santé. 20 % de l'ensemble des deuils seraient compliqués, ce qui représente un important problème de santé publique. Dans la partie II sont résumées les controverses sur les méthodes d'étude du deuil, qualitatives et/ou quantitatives, et plus particulièrement les échelles quantitatives se voulant spécifiques du deuil, spécialement les TRIG, CBI et ICG. La partie III présente l'étude empirique personnelle ayant porté sur un échantillon de 108 patients hospitalisés librement en psychiatrie, et 100 personnes de la population générale. On a confirmé l'excellente validité de critère et sa validité convergente (avec le TRIG). Il repère de façon spécifique l'expérience de deuil et son caractère pathologique, quand les scores ICG se situent au-delà d'un certain seuil (22-30/79), et surtout quand l'évolution ne se fait pas vers une régression des scores et des symptômes du deuil. Le travail confirme l'utilité d'un instrument validé, permettant enfin des études empiriques valables. La prévention et la prise en charge des deuils pathologiques, compliqués et/ou traumatiques, pourront ainsi être évalués quant à leurs modalités et leur efficacité. Après la partie IV, synthèse et conclusion générale, sont reproduits en annexe les 8 articles consacrés à l'étude du deuil, en population générale et en population psychiatrique, publiés par l'auteur dans la littérature.