Abstract FR:

Ce travail se situe dans le cadre théorique des normes sociales de jugement. Deux normes sont étudiées : l'allégeance et l'internalité. L'hypothèse générale postule que ces deux processus normatifs entretiennent des rapports d'indépendance. Afin de mettre à l'épreuve cette hypothèse, deux paradigmes expérimentaux ont été mobilisés. Le paradigme d'autoprésentation a permis d'obtenir des résultats confortant, en partie, l'hypothèse générale. En effet, si l'on observe que l'allégeance a un effet sur les stratégies d'autoprésentation, cela n'est pas le cas en ce qui concerne l'internalité. En revanche, l'interaction des deux dimensions produit des effets significatifs. Le paradigme des juges a permis de mettre à l'épreuve l'hypothèse générale auprès de trois populations : des conseillers de missions locales, des conseillers d'agences locales pour l'emploi, et des recruteurs. Deux résultats principaux sont à relever. D'une part, on observe que si l'allégeance et l'internalité produisent des effets sur les processus évaluatifs, il est nécessaire d'intègrer une analyse de niveau positionnel pour éclairer la totalité des résultats. Ensuite, sur le plan des logiques sociales à l'oeuvre chez les acteurs de l'emploi, on observe que l'allégeance semble être une attente commune aux trois populations d'évaluateurs. En outre, ce critère évaluatif pourrait être déterminant dans les stratégies d'intervention des agents publics (missions locales et agences locales pour l'emploi). Ainsi il semblerait que l'allégeance permette d'opèrer une sélection entre les demandeurs d'emploi directement "employables", et ceux pour lesquels un temps de "préparation " au marché de l'emploi se révèle nécessaire. Ce travail laisse penser que l'allégeance, comme l'internalité, font l'objet de normes sociales de jugement. Mais pour complèter l'étude de ces normes, il semble indispensable de recourir à une analyse de niveau positionnel.