« Les voix du rétablissement » : sociologie politique des groupes de parole, le cas des Outremangeurs Anonymes
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis analyses the process of institutionalisation of talking groups, meant for people suffering from overeating problems and who meet in a non-medical environment, the Overeaters Anonymous (OA). Evolving in a therapeutics market dominated by mental health specialists legitimated by government institutions and public policies which are meant to struggle with bulimia on one hand and anorexia on the other hand, the Overeaters Anonymous offer a caring model based on the evangelical tradition and the therapeutic individualism. Open to all, even (those not medically diagnosed) without a medical diagnosis, they attract the residual (remaining) population not taken care of by the institution. Very diverse in their composition the groups reveal (show) the social conditions of the conversion as well as a ranking of members according to their social background. Selling salvation and health goods, these enterprises (communities) were created in the United States in the 1960s and introduced in France in 1983 thanks to the rising of charismatic leaders ensuring the preservation of tradition. Opposing the medical domination as well as willing to regain their legitimate representations, seeking the recognition of health care professionals and government institutions while carrying on with therapeutic activism, their position reveals an ambiguity typical of their heteronomy.
Abstract FR:
Cette thèse analyse le processus d’institutionnalisation de groupes de parole consacrés aux personnes souffrant de troubles alimentaires, se réunissant sans médiation médicale, les Outremangeurs Anonymes (OA). Pris dans un marché thérapeutique dominé par l’offre psychiatrique spécialisée, légitimée par les institutions et les politiques publiques destinées à lutter contre l’obésité d’un côté et l’anorexie et la boulimie de l’autre, les OA proposent un modèle de soins fondé sur la tradition religieuse évangélique et l’individualisme thérapeutique. Ouverts à tous, même sans diagnostic médical, ils captent la population résiduelle en marge de la prise en charge institutionnelle. Très hétérogène, la composition des groupes dévoile les conditions sociales de la reconversion, ainsi qu’une hiérarchisation des membres selon leur appartenance sociale d’origine. Entreprise de distribution de biens de salut et de santé, ils sont créés aux États-Unis dans les années 1960 et importés en France en 1983, via l’émergence de cheffes charismatiques, garantes de la tradition. Entre dénonciation de la domination du savoir médical et réappropriation des représentations légitimes, ils entretiennent une position ambiguë, caractéristique de leur hétéronomie, travaillant paradoxalement à leur reconnaissance vis-à-vis des médecins et des pouvoirs publics, tout en conservant une forme d’activisme thérapeutique.