Une fabrique étatique du soft power : acteurs et pratiques de l’influence par la diplomatie publique en Russie post-soviétique
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis studies the circulation, interpretation, and appropriation of the concept of soft power in post-Soviet Russia, with the context of the reshaping of its foreign policy apparatus from the mid-2000s onwards. I analyze how the Russian state – between 2004 and 2019 – manufactured a strategy of influence referred to as myagkaya sila [soft strength] in academic and political circles. My research focuses on the actors and practices of Russia’s public diplomacy, through a predominantly qualitative analysis (interviews, observation, discourse, and content analysis). I focus on three case studies: the federal agency Rossotrudnichestvo, the Russkiy Mir Foundation and the international news network RT. Specifically, I explore the internal structure of these organizations; their degree of dependence on the State; the foreign policy objectives they pursue; and how they make use of cultural, political, ideological and narrative resources to influence foreign publics. Russia’s public diplomacy, as it is shaped by cultural diplomacy and international broadcasting, manifests the mixed nature of Russia’s soft power: while a zero-sum game and negative understanding of soft power prevails in the practices we observed, myagkaya sila also displays positive elements of Joseph Nye’s seminal work, such as the principles of cooperation and attraction. This dissertation therefore contributes to the sociology of international relations and to a new trend in public diplomacy studies that investigates the way in which authoritarian states resort to soft power.
Abstract FR:
La thèse étudie la circulation, l’interprétation et l’appropriation du concept de soft power en Russie post-soviétique, dans le cadre d’une diversification de ses modes d’action extérieure depuis le milieu des années 2000. Elle analyse, entre 2004 et 2019, la fabrique d’une politique d’influence supervisée par l’État et qualifiée dans les milieux académiques et le discours officiel de miagkaïa sila. Notre recherche s’intéresse aux acteurs et aux pratiques de la diplomatie publique russe. Elle s’appuie sur un socle qualitatif (entretiens, observation, analyse de contenus) et sur des outils de cadrage quantitatif. Trois études de cas sont proposées : l’agence fédérale Rossotroudnitchestvo, la fondation Rousski Mir et le réseau d’information international RT. Nous examinons le fonctionnement de ces organisations, leur degré de dépendance vis-à-vis de la puissance publique, les objectifs de politique étrangère qu’elles poursuivent et les ressources (culturelles, politiques, idéologiques et narratives) qu’elles exploitent, produisent et projettent pour influencer les publics ciblés. Cette sociologie de la diplomatie publique russe est réalisée à partir de ses deux principaux instruments, la diplomatie culturelle et la diffusion médiatique internationale. Elle met en lumière une conception mixte du soft power en Russie. Les pratiques observées témoignent le plus souvent d’une approche négative du soft power, envisagé dans le cadre compétitif d’un jeu à somme nulle. La miagkaïa sila ne renonce pourtant pas aux principes positifs de coopération et d’attraction, au cœur des travaux de Joseph Nye. La thèse contribue à la sociologie des relations internationales et aux études en diplomatie publique interrogeant les rapports qu’entretiennent les États autoritaires au soft power.