Contribution à une théorie compréhensive de la manifestation : les formes et les déterminants de l'action manifestante dans la France des années quatre-vingts
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
In this thesis dissertation, we consider that participation in collective action depends on the social perceptions of reality by the individua. But the individual is also constrained by his structural positions which assign him to specific experience. S in that view, it's no more possible to study mobilization from a structural point of view (like in frustration or postmaterialist theories), nor from a perspective which emphasizes only on ressources. In our first part, we try to draw conceptual links between the macro and micro sociological levels of analysis by taking into account the construction of collective identities and by a dynamic reinterpretation of the structural determinants of the birth and development of social movements. The chances of success or failure are explained by the concepts of political opportunity structure (POS) and multi-organizational fields (MOF). In our second part, we study in a diachronic perspective protest activities in France. This longitudinal study allows us to stress the importance of the POS and the MOF in explaining the course of the French movements in the eighties. In our third part, we try to operationalize more the concept of POS by studying the relations between the movements, the State and the police, especially in violent situations. The last part is dedicated to the study of the union of the unemployed which reveals itself to be one of the best example of the crucial role of organizational structures in building collective identities and mobilizing a constituency for action.
Abstract FR:
L'orientation théorique de cette thèse nous a conduit à une réappréciation de la place centrale de l'acteur telle qu'elle est définie par la mobilisation des ressources. Dans notre optique, l'individu en vient à agir collectivement en fonction de perceptions différenciées de la réalité sociale et sous la contrainte de positions structurelles qui conduisent à des expériences spécifiques. Il n'est dès lors pas possible de réduire l'analyse aux facteurs structuraux générateurs de mobilisation (de la frustration aux changements post-matérialistes), ni aux facteurs générateurs de ressources. Dans la première partie, on cherche à établir des liens conceptuels entre les niveaux macro-sociologique et micro-sociologique de l'analyse, par la prise en compte des identités collectives et par une réinterprétation dynamique des facteurs structurels déterminant la naissance et le succès des mouvements sociaux. Les mouvements sociaux y sont analysés comme des éléments en compétition pris dans des configurations changeantes (structures des opportunités politiques et champs multi-organisationnels). Au niveau le plus général, nous étudions dans une perspective diachronique l'activité manifestante dans les années 80. Nous montrons que son évolution trouve ses déterminants dans les modifications des configurations de pouvoir et dans les positions différentielles des minorités actives au sein de ces configurations (2ème partie). Ensuite, nous étudions les relations entre les mouvements et différents secteurs de l'Etat par l'observation des interactions en jeu dans l'événement manifestant. Nous mettons l'accent sur l'apparition des violences pour approfondir l'interdépendance entre mouvements et puissance étatique (3ème partie). Enfin, nous étudions le syndicat des chômeurs. Ce mouvement qui échoue permet une comparaison avec la réussite relative de mouvements de même nature en France et ailleurs dans les années 30. Là encore, la dimension temporelle apparait comme le meilleur garant de l'explication. Cette étude de cas permet de mettre en lumière le rôle des organisations dans la mobilisation des engagements, par la persuasion et la "fabrication" d'identités (4ème partie).