Subjectivités (im)possibles : femmes, féminités et féminismes dans l’Algérie coloniale
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The History of “indigenous” women in colonial Algeria has not yet been thoroughly treated. Official historiographies, both French and Algerian, have adopted dominating standpoints that make marginalised experiences, and voices, inaudible. This research aims at excavating peripheral memories and knowledge that inform about the various processes through which colonial, and patriarchal domination, makes marginalized practices and discourses invisible. Reaching those forgotten voices becomes an arduous task because of the scarcity and fragmentary character of the sources, and also because the interweaving of relations of power have rejected all that seems inappropriate, or out of the canon, outside the definition of political identities. The corollary of these intersecting power relations was the stranglehold of nationalisms on women's bodies, considered as both a means and an end, and the pressure put on women to embody the role of mothers of the nation. In this effort of "excavation", the present thesis attributes an important role to oral tradition as a heuristic source susceptible to open up to the multiple standpoints and sites of knowledge of women's experiences to whom the status of the subject has been denied. This work proposes to enlarge, and make more complex, the modern conception of the political subject, by focusing on its sudden, unforeseen dimension, the multiple forms it takes according to the context and the stakes at issue. Finally, it outlines the requirement of a history from below capable of including people like the women of this thesis - women who were speaking subjects and whose resistance has followed various, heterogeneous paths, including feminism.
Abstract FR:
L’histoire des femmes « indigènes » algériennes durant la période coloniale demeure peu traitée. Les historiographies officielles, qu’elles soient françaises ou algériennes, sont traversées par des silences qui rendent inaudibles les expériences et les paroles marginalisées. Ce travail tente d’excaver des mémoires et des savoirs périphériques qui nous informent des différents processus par lesquels la domination coloniale, et patriarcale, a rendu invisibles des pratiques et des discours minorisés. Retrouver les voix de ces oubliées devient tâche ardue du fait du caractère fragmentaire, voire de l'inexistence des sources, et de l’imbrication des rapports de pouvoir qui a banalisé tout ce qui a été considéré comme inopportuns dans la définition des identités politiques. L'effet le plus important de ces rapports de pouvoir a été la mainmise sur le corps des femmes, à plus forte raison sur le corps des femmes « indigènes », considéré comme fin et moyen par les nationalismes qui n’ont toléré d’autres rôles que celui de mères de la nation. Dans ce travail d’excavation, cette thèse accorde une place importante à la tradition orale comme source éclairante dans une tentative de multiplier les points de vus et les sites de connaissance du vécu des femmes à qui le statut de sujet a été dénié. Il s’agit ici de complexifier la conception moderne du sujet politique en mettant l’accent sur son aspect ponctuel, et inattendu, qui revêt diverses formes selon les contextes et les enjeux. Les femmes, dont il est question dans cette recherche, étaient des sujets parlants qui ont à leur manière résisté par des voies hétérogènes, dont le féminisme, des voies dont l’exploration rend nécessaire une histoire par le bas.