L'opéra ou l'illusion de l'apparence : essai d'approche politique
Institution:
Toulouse 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Towards the end of the XXth century, opera is arousing enthusiasm and fascination from music lovers. A total art, opera seems to weave close links with the surrounding world; those links must be deciphered. However, one must avoid sketchy speech, opera being so much the reflection of appearance. The political aspect seems to be originally written in its form, through the song which conveys the re-discovered lack of differentiation. More than any other kind of art, opera is the out-passing of norms, servitudes and so can avoid the dizziness of disillusion by accepting differences. Behind the appearance of the performance, the place, the form, the social look of the group, an occult world which must be deciphered: operatic forms allow the meaning to emerge from what is meant. Places have been created to please elite, the form is submitted to the orders of patrons, the voice is obeying codified techniques. However, opera composers can free themselves from the yokes of normalizing interdicts. The XXth century remains fixed in the repertory of the past, contemporary operatic creations being almost nonexistent. Paradoxically, opera, an art of communication, is nowadays cut off from its audience, frustrating them of the song of joy, of the phantasmatic song of the mythical clay of its foundations. Opera libretti allow to decipher the speech of the dominating social class, to determine its relentless and restricting laws, to catch the composer's point of view on this society. All opera heroines are dedicated to the parts of victims, sacrificed, suicided. The moral order of the XIXth century is shown on stage, denounced by such composers as Verdi who refuse the hypocrisy of the middle class family ideology. Dido, Norma, Butterfly are sacrificed; Carmen, Turandot are revolting. Opera is also showing the foundation and violence of the state which is setting up, strengthening socially on the lack of mother; politically, on the lack of power, embodied by a sacred representative. The political aspect is based on the desire and the need of the group.
Abstract FR:
Au XXe siècle finissant, l'opéra suscite enthousiasme et fascination de la part du public mélomane. Art total, l'opéra semble tisser des liens étroits avec le monde environnant, liens qu'il convient de décrypter. Cependant, il faut se garder de tout discours schématique tant l'opéra est la représentation de l'apparence. Le politique semble être inscrit originellement dans la forme, par le chant qui véhicule l'indifférenciation retrouvée. Plus que toute autre forme artistique, l'opéra est la transgression des normes, des servitudes, et peut ainsi éviter par l'assimilation des différences le vertige de la désillusion. Derrière l'apparence de la représentation, le lieu, la forme, le paraitre social du groupe, un monde occulte qui se doit d'être décrypté. Les formes opératiques permettent au signifiant d'émerger du signifié. Les lieux ont été conçus à l'image de l’Elite, la forme est liée aux commandes du mécénat, la voix se plie aux techniques codifiées. Cependant, les compositeurs d'opéras savent se libérer du carcan des interdits normatifs. Le XXe siècle reste figé dans le répertoire du passé, la création contemporaine opératique étant quasi inexistante. Paradoxe, l'opéra, art de communication, est aujourd'hui coupé de son public, le frustrant ainsi du chant du plaisir, du chant fantasmatique, du limon mythique de ses fondations. Les livrets d'opéra permettent de décrypter le discours de la société dominante, d'en cerner les codes implacables et destructeurs, de saisir le regard du compositeur sur cette société. Les héroïnes d'opéras sont toutes vouées au rôle de victimes, de sacrifiées, de suicidées. L'ordre moral du XIXe siècle est mis en représentation, dénoncé par des compositeurs qui, tel Verdi, refusent l'étouffante hypocrisie de l'idéologie familiale bourgeoise. Didon, Norma, Butterfly sont "suicidées" ; Carmen, Turandot se rebellent. L'opéra est également la reproduction de la fondation et de la violence de l'Etat qui s'édifie, se consolide, au niveau social, sur l'absence de la mère ; au niveau politique, sur l'absence du pouvoir qui s'incarne dans un représentant sacré. Le politique se fonde sur le désir et le manque du groupe.