La politique du PIR : du soufisme au soufislamisme : recomposition, modernisation et mobilisation des "confréries" au Pakistan
Institution:
Aix-Marseille 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Generally posited as the mystical trend within Islam and often hyped as an alternative to the more politically active Islamism, Sufism, through its various orders and leaders, the pirs, is however a key to understanding "Muslim politics" (James Piscatori and Dale Eickelman). A major repertoire of Islamic language, Sufism is an ambiguous signifier which has undergone a process of politization : its semantics has become a stake in the power ratio between many contending groups, both state and non-state. Within the Pakistani Islamist field, the movement which has the most loudly trumpeted its affiliation to the Sufi identity is the Barelwi movement. . Often overlooked by scholars, this theological school has been experiencing a revival since the 1980's, through the burgeoning of many new religious and/or political organizations, generally structured on the pattern of the brotherhood. Recruiting in sociologically modern circles, these brotherhoods, established in urban centres, have often successfully attempted to redefine themselves in accordance with the demands of modernity. They have notably rationalized and internationalized their organizations, and become conscious of the importance of socio-political stakes, prompting them to adopt a posture of committed activism, thus demonstrating how "tradition" may become a powerful vehicle for change and political mobilization. In order to designate such groups claiming Sufism and Sufi identity as a register for Islamist mobilization, I have coined the concept "Sufislamism". Besides enabling an enhanced analysis of the various interactions between Sufism and Islamism, this concept may also improve our understanding of the highly fissile politicization of the doctrinal fractures inside the Islamist movement in Pakistan, thus helping to chart the deep waters of identity politics, espacially those of intra-Sunni sectarianism
Abstract FR:
Généralement conçu comme le courant mystique de l'Islam et souvent perçu comme une alternative à un islamisme plus politiquement actif, le soufisme, à travers la variété de ses ordres et de ses leaders, les pirs, constitue pourtant un prisme privilégié pour appréhender la "Muslim Politics" (James Piscatori et Dale Eickelman). En qualité de répertoire majeur du langage islamique, le soufisme est un signifiant ambigu qui a subi un processus de politisation : sa définition est devenue l'objet d'enjeux entre groupes concurrents, entre acteurs étatiques et non étatiques. Dans le champ islamique pakistanais, le mouvement qui a le plus revendiqué son appartenance à une identité soufie est le mouvement barelwi. Trop souvent ignorée par la recherche académique, cette école théologique a connu un renouveau dans les années 80, à travers la création de plusieurs organisations religieuses et/ou politiques nouvelles, généralement structurées sur le modèle de la confrérie. Recrutant dans des milieux sociologiquement modernes, ces confréries, implantées dans les centres urbains, ont tenté et parfois réussi à se redéfinir en fonction des exigences de la modernité. Elles ont notamment rationalisé et internationalisé leurs organisations et pris conscience de l'importance des enjeux sociopolitiques en s'engageant dans l'activisme, démontrant ainsi comment la "tradition" peut se transformer en un véhicule puissant du changement et de la mobilisation politiques. Pour désigner ces groupes qui se revendiquent du soufisme et d'une identité soufie comme registre de mobilisation islamique, nous proposons d'utiliser le concept de "soufislamisme". En plus de permettre d'analyser les différentes interactions entre soufisme et islamisme, ce concept aide aussi à comprendre la politisation des lignes de fractures doctrinales au sein du champ islamique au Pakistan et les différents processus des politiques de l'identité, notamment le sectarisme intra-sunnite