Abstract FR:

Ce travail articule deux niveaux de réflexion : l'attitude de l'Eglise catholique en tant qu'institution face à l'islam ; la comparaison entre la France et l'Allemagne. Cette perspective comparative résulte d'un constat de départ surprenant. Malgré une donne commune qui et celle de la sécularisation et des nouvelles dispositions de l'Eglise catholique à l'égard de l'islam entérinées à Vatican II, d'une part, les points communs de deux sociétés (ancrage européen, poids du christianisme, présence d'une population de tradition islamique dans des proportions comparables), d'autre part, les églises locales, française et allemande réagissent différemment à l'émergence de minorités musulmanes. Le fort mouvement de solidarité de l'Eglise catholique en France à l'égard des musulmans contraste fortement avec la très grande distance observée par le catholicisme allemand. Après avoir dressé ce constat dans une première partie, la seconde partie de cette thèse s'attache à rechercher les facteurs auxquels sont imputables ces divergences. Ni les différences liées à l'histoire coloniale, ni celles liées aux statuts différents des populations de tradition islamique en France et en Allemagne, (en passe de devenir majoritairement française dans le premier cas, globalement étrangère dans l'autre), ne suffisent à les expliquer. La raison déterminante est à rechercher dans la différence de situation de l'institution ecclésiale de part et d'autre du Rhin. La marginalisation croissante de l'Eglise de France, accélérée par le régime de laïcité ; la conduit à "faire église avec les musulmans en une sorte de "stratégie de rattrapage". L'indifférence de l'Eglise catholique allemande, est, quant à elle, caractéristique d'une église "établie", jouissant d'une assise financière et institutionnelle, pour laquelle la reconquête d'une légitimité ne s'impose pas comme une nécessité aussi pressante qu'en France.