Une assistance à deux vitesses : socio-histoire de l’hébergement social des sans-abri depuis les années 1950
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis analyzes the forms that social housing for the homeless has taken in France since the 1950’s. It argues that the interdependencies between the State and charitable organizations have shaped how the public problem of individuals described as "vagabonds", "socially maladjusted", "tramps" or "homeless" has been regulated. In changing economic and social contexts, from the "Trente Glorieuses" to the "Trente Piteuses", these relations are at the origin of an extension of assistance to such groups. The research shows a process of dualization of social housing. Indeed, two categories of public intervention emerge gradually within it: "reintegration" and "urgency". Therefore, it is precisely the institutionalization of this dual form of treatment that constitutes the thread of the subject. From this perspective, this history is also that of the legitimization by the State of various charitable initiatives that contribute to the emergence of new assistive devices. Nourished mainly by archival work, as well as, though to a lesser extent, interviews, observations and other documentary research, this thesis provides a more general reflection on the shifting borders between public and private, "good" and "bad" poor, as well as the recent transformations of the welfare State.
Abstract FR:
Cette thèse analyse les formes prises par l’hébergement social en direction des sans-abri depuis les années 1950. Elle montre que ce sont les interdépendances entre État et associations caritatives qui façonnent les modes de régulation du problème public des individus qualifiés de « vagabonds », « inadaptés sociaux », « clochards » ou « SDF ». Inscrites dans des contextes économiques et sociaux en évolution, des « Trente Glorieuses » aux « Trente Piteuses », ces relations sont à l’origine d’une extension de l’assistance à leur égard. La recherche rend compte néanmoins d’un processus de dualisation de l’hébergement social. En effet, deux catégories d’intervention publique se dessinent progressivement en son sein : la « réinsertion » et « l’urgence ». Dès lors, c’est précisément l’institutionnalisation de cette dualité de traitement qui constitue le fil rouge du propos. Dans cette perspective, cette histoire est aussi celle de la légitimation par l’État de diverses initiatives charitables qui contribuent ce faisant à l’émergence de nouveaux dispositifs d’assistance. Nourrie principalement par un travail d’archives, ainsi qu’en moindre mesure par des entretiens, des observations et autres recherches documentaires, cette thèse donne à réfléchir plus généralement sur les déplacements de frontières entre public et privé, « bons » et « mauvais » pauvres, ainsi qu’aux transformations récentes de l’État social.