Devenir collaborateur : carrières d'indignes dans les dossiers de la cour de justice de la Somme (1940-1948)
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
From august 1944 and the Liberation of the Somme department, a limited group of individuals is arrested and pointed as collaborators. This stage is the ultimate phase of careers started during the Occupation and also the first of their own labelling as unworthy. Our work's aim is to reconsider the paths those individuals followed during the Occupation. Whereas the historiography is considering this «becoming» though motivations, ideological, moral or social provisions and consent or pressure, we will ask how and not why they became unworthy people. Using the sociological concept of career and social science’s traditional tools, we wonder how they entered their career and participated in activities recruiting people according to specific social profiles. Then we will describe how some of them left the collaboration whereas others already labelled as collaborators became isolated and ever more dependent from their activities. These dependents' activities described as the more radicals by the instruction files and the historiography are considered as the product of a state of mind that it’s necessary to enlighten by reconsidering the context of their activities.
Abstract FR:
À partir du mois d'août 1944 et de la Libération de la Somme, des individus venus d'horizons sociaux circonscrits sont mis en état d'arrestation car désignés comme des collaborateurs. Cette étape se présente à la fois comme l'ultime phase de carrières entamées en cours d'Occupation et comme la première de leur labellisation éventuelle comme indignes. Notre travail se propose de relire la manière dont ces individus sont devenus des collaborateurs. Alors que l'historiographie envisage ce devenir au prisme de motivations, de dispositions idéologiques ou sociales et sous l'angle du choix ou de la contrainte, nous nous demanderons comment et non pourquoi ils sont devenus tels. En mobilisant la notion de carrière et les outils traditionnels des sciences sociales, nous verrons comment ces accusés sont entrés en collaboration et participé, à raison de propriétés spécifiques, à des pratiques collaboratrices apparaissant parfois anodines au premier abord. Puis nous décrirons comment, alors que certains sortent de la collaboration, une éventuelle labellisation entamée sous l'Occupation en isolent d'autres et les conduit à adopter des attitudes identifiées comme toujours plus radicales et que les dossiers d'instruction puis l'historiographie percevront comme intrinsèquement liées à un état d'esprit qui explique pourtant moins ces carrières qu'il n'en dépend.