thesis

Les courtiers de la violence : cartels, forces d'autodéfense et État au Mexique : de l'intermédiation politique aux guerres de patronage

Defense date:

Oct. 2, 2020

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Institution:

Paris 1

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

In contemporary Mexico, chronic violence associated with the presence of multiple violent organizations has never led to a formal opposition to the political system or the will to overthrow state power. What we observe, through a case study based on the State of Michoacán, is the perpetuation of the use of violence in order to obtain or preserve a beneficial position within the political game, and not in opposition to it. In that sense, the violent organizations which we study are always connected to public authorities through a set of fluctuant, sometimes violent relationships. The latter are built on constant tensions regarding the violent actors’ margin of autonomy towards public authorities, within political intermediation. This dissertation precisely studies these tensions and the permanent reconfigurations that occur in a context of violence. The rupture we observe in Michoacán is the brief appropriation, by violent organizations, of the channels of brokerage that tie local society together with the center, and the following conflict that opposed drug cartels, self-defense groups, and public forces in order to reopen these channels. Hence, this dissertation analyzes violent conflicts that are aimed at controlling the rules and conditions of political intermediation. In this context, violent organizations are integrated and interested in the consolidation of brokerage channels that represent, even within contexts of fragmentation of violence, the way the State is able to govern. This dissertation therefore aims at analyzing practices of political brokerage in contexts of violence.

Abstract FR:

Dans le Mexique contemporain, la violence chronique et la présence de multiples organisations armées non-statutaires n’ont jamais conduit à la remise en cause de la stabilité du régime politique et de l’État. Au contraire, ce que nous observons, à partir d’une étude de cas dans la région du Michoacán, est la perpétuation du recours à la violence pour l’obtention ou la conservation d’une position avantageuse à l’intérieur du jeu politique, et non en opposition à celui-ci. Ainsi, les organisations violentes que nous étudions sont toujours en relations, plus ou moins conflictuelles, avec l’État. Elles sont marquées par des tensions constantes quant à la marge d’autonomie dont bénéficient les acteurs violents vis-à-vis des autorités publiques, à l’intérieur des relations d’intermédiation. C’est précisément ces tensions et leurs permanentes reconfigurations dans des contextes de violence que nous étudierons. La rupture que l’on observe dans le Michoacán est la brève appropriation, par des organisations violentes, des canaux d’intermédiation qui lient le centre et la périphérie, avant leur reconfiguration par une coalition de civils armés associés aux autorités publiques. Ainsi, notre thèse porte sur des conflits dont l’enjeu central est le contrôle des règles et des modalités de l’intermédiation politique. Les organisations violentes sont donc toujours intégrées et intéressées à l’établissement des circuits d’intermédiation politique qui fondent, y compris dans les situations de haute violence, les canaux de gestion et de gouvernement de la violence par l’État. L’enjeu de cette thèse est donc de proposer, par des questionnements de sociologie politique, une analyse des pratiques d’intermédiation politique dans des contextes de violence.