Clientélisme, démocratisation et émergence de mécanismes de redevabilité dans les politiques sociales fédérales au Mexique (1995-2008) : de l’invention du Programme PROGRESA à la mise en œuvre de la Loi générale de développement social
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This study analytically associates the consolidation of the social program PROGRESA (1997) in Mexico to the implementation of the Federal Law of Social Development (2004), in the context of democratization, divided government and a strong clientelistic tradition. The interpretation set forward is that both public policy outcomes correspond to two crucial moments within the evolution of the federal social policy sector, following a path dependent logic. An exceptional “critical juncture” (1995-1997) triggered in 1995 accelerates an ongoing political pluralisation leading in 1997 to a situation of divided government that henceforth profoundly complicates policy decision-making at the federal level. During such a brief juncture, major changes were introduced within the social policy sector: privatization of pensions, the dismantling of the previous main federal social program, the decentralization of several federal social funds, and the introduction of PROGRESA itself. This critical juncture also inaugurates the incremental aggregation of various intra-state accountability mechanisms, largely imposed by a legislative power that has since consistently attempted to limit opacity and the discretionary use of social policies with the explicit aim of “tying the hands” of the federal government, without necessarily demanding the same at the State and municipal levels. The Law (which imposes to all federal social programs a number of features derived from PROGRESA) and its approval by a unanimous vote are interpreted as a critical moment of this process of incremental aggregation of accountability mechanisms, and as a confirmation of the social policy model adopted in 1995-1997.
Abstract FR:
Cette étude associe analytiquement la consolidation au Mexique du programme social PROGRESA (1997) à l'adoption de la Loi Générale de Développement Social (2004), sur fond de démocratisation, une situation de gouvernement divisé et une forte tradition clientéliste. La lecture proposée appréhende ces deux dispositifs comme deux moments clés dans l'évolution du secteur des politiques sociales, suivant une logique de dépendance au chemin emprunté (path dependency). Une « conjoncture critique »(1995-1997) exceptionnelle accélère la pluralisation politique en cours et débouche en 1997 sur une situation de gouvernement divisé qui désormais complique la prise de décisions de politique publique au niveau fédéral. Pendant cette conjoncture ont lieu des bouleversements majeurs dans le secteur des politiques sociales: privatisation des retraites, démantèlement du principal programme social fédéral, décentralisation de nombreux fonds fédéraux à des fins sociales et introduction du PROGRESA. Cette conjoncture inaugure aussi la mise en place graduelle de plusieurs mécanismes de redevabilité intra-étatiques, largement imposés par un pouvoir législatif qui désormais tente de limiter l’opacité et l’usage arbitraire des ressources destinées aux politiques sociales avec l’intention explicite de « ligoter les mains» du gouvernement fédéral, sans faire autant au niveau des États et des municipalités. La Loi (qui généralise à tous les programmes certains traits du PROGRESA) et son adoption à l’unanimité sont interprétées comme un moment culminant de l’émergence incrémentale de ces mécanismes de redevabilité et à la fois comme une confirmation du modèle de politique sociale adopté en 1995-1997.