La démocratie "à pas de caméléon" : transition et consolidation démocratique au Bénin
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The purpose of this thesis is to analyse the process of democratic transition and consolidation in Benin, from 1989 to 1996. It aims at examining the socio-cultural changes connected with the transformations of public space and scrutinizing the complex evolution of the moral economy of power. Part i is dedicated to revisiting the apparently linear process of democratization. It shows how a pluralist public space emerged in the long term of post-colonial time (chapters 1 and 2) and the short term of political transition (chapter 3). Following a "path dependency" approach, it tries to explain the "success" of the "Beninese model" by emphasizing its own historicity and the contingency of political struggles. Part ii deepens the problem of democratic consolidation which is first tackled in its contingent dimension (chapter 4). Then, i put forward the hypothesis that this consolidation process has followed the post-colonial "passive revolution" path : namely, a process of reciprocal assimilation of elites (chapters 5 and 6). But i show also that this passive revolution "by democratic design" doesn't amount to a reproduction of the same "governmentality" (Foucault). Focusing on the evolution of "structures of meaning", part iii suggests that public space's transformations have produced some important moves in the moral economy of power : in particular the incorporation of democratic temporality, the learning of "electoral civility" and the importance given to political accountability by "ordinary citizens". Nevertheless, the analysis of the "reinvention of tradition" (chapter 7), the domestication of political modernity (chapter 8) and the politics of electoral clientelism, proves that this rebuilding of the "interior architecture of civic virtue" (lonsdale) follows very paradoxical paths.
Abstract FR:
Cette thèse vise a rendre compte du processus de transition et de consolidation démocratique qu'a connu le Bénin entre 1989 et 1996. Elle analyse les mutations socio-culturelles corrélatives a la formation d'un espace public pluraliste, et les procédures complexes de transformation des imaginaires politiques, de l'économie morale du pouvoir. Contre les interprétations exogènes et téléologiques, la première partie "revisite" l'histoire apparemment sans histoires du processus de démocratisation béninois et examine comment l'espace public pluraliste s'est configure dans la moyenne durée post-coloniale et le temps court de la transition. Il ne s'agit pas simplement de dresser le contexte de l'étude, mais d'essayer d'expliquer la "réussite" du modèle béninois en l'inscrivant dans sa propre historicité (chapitre 1 et ii) et dans l'indétermination des luttes qui ont conditionne le résultat du changement (chapitre iii). La seconde partie approfondit cette interrogation en étudiant les mécanismes de la consolidation démocratique. Abordée d'abord sous l'angle de la contingence (chapitre iv), elle conduit ensuite a développer l'hypothèse d'une consolidation du pluralisme dans le creuset de la révolution passive post-coloniale (chapitres v et vi). La reproduction de ces mécanismes d'assimilation réciproque "by democratie design", signifie-t-elle que + tout a change pour que rien ne change ; ? Dans la troisième et dernière partie, on observe qu'en fait, les mutations de l'espace public béninois se sont accompagnées de transformations décisives dans les imaginaires politiques, se traduisant par l'inscription des électeurs dans une économie de la patience calée sur la temporalité des agendas électoraux, par leur incorporation des dispositions de la "civilité électorale" et l'insistance mise sur la notion de "responsabilité" politique. Néanmoins, a travers l'analyse des réinventions de la tradition (chapitre vii), des procédures de domestication de la modernité (chapitre viii) et des pratiques de la démocratie clientélaire (chapitre ix), nous montrons que ces réaménagements de + l'architecture intérieure de la vertu civique ; s'opèrent paradoxalement dans le creuset d'une économie morale qui n'a guère d'affinités électives avec la démocratie.