Abstract FR:

Cette étude est divisée en sept chapitres qui suivent une logique chronologique afin de mieux faire ressortir l’aspect processuel de la trajectoire du marabout, de ses mouvements et de ses taalibe. Cette démarche rend saillantes à la fois les évolutions parfois contradictoires de ces trajectoires et la contingence dans son déroulement. Une lecture historicisée sérieuse de cette trajectoire permet entre autre de se défaire de toute théorie du complot quant à la success story du mouvement, qui semble avoir autant rencontré que construit une demande sociale auprès d’une frange de la population, tout en sachant se renouveler au cours de ces vingt dernières années pour apparaître comme un fait social incontournable de ce XXIe siècle. Au-delà du découpage en chapitre, trois grandes parties se dessinent. La première regroupe les trois premiers chapitres et correspond à la période antérieure à la formation de la dahira en 1994. Le marabout occupe encore une place marginale au sein de la confrérie et fait émerger une contre-culture urbaine religieuse avec de jeunes décalés en pleine déconnection sociale. La seconde partie, composée des chapitres 4 et 5, traite de la mise en place de la dahira de Cheikh Modou Kara, du MMUD, de son organisation et de ses innovations dans la manière de gérer ses taalibe. Enfin, une troisième partie avec les chapitres 6 et 7 est consacrée aux activités concrètes du MMUD et du PVD, à la question du passage au politique du mouvement, et des mécanismes concrets de subjectivation politique des taalibe. Ainsi un des enjeux de cette thèse est de mener de front à la fois une analyse historicisée du mouvement pour bien en comprendre les différentes phases et les importantes modifications de ce dernier au cours des trente dernières années, et à la fois de se concentrer sur les mécanismes moteurs des processus de subjectivation politique des individus et les modalités du passage au politique. Ainsi, nous nous intéressons autant à la trajectoire du marabout et à l'évolution du mouvement dans une perspective d'analyse par le "haut", des leaders et des structures, qu'aux vécus des taalibe et à leurs trabsformations personnelles, quel que soit la réussite électorale du mouvement.