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La politique de la mémoire d'une catastrophe nucléaire : les usages de l'accident de Tchernobyl en Biélorussie (1986-2008)

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Jan. 1, 2012

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Abstract EN:

Analyzing the political uses of the Chernobyl accident in Belarus between 1986 and 2008, this thesis aims at explaining the reasons for the weakness of the memory of the disaster in the political life of this country whose territory was severely contaminated by the radioactive fallout. In order to identify the factors contributing to the discarding of recollections of the accident from the public sphere, this research traces the main stages of the construction of the representations of the disaster: post-accident crisis management by Soviet authorities between 1986 and 1987; political and social mobilization with regard to the problems created by the disaster between 1989 and 1991; and national identity strategies of the Belarusian State and its challengers between 1994 and 2008. First, therefore, this study attempts to evaluate the impact that the liberalization of regime at the end of USSR as well as the gradual return to the authoritarianism from the mid-1990 had on the possibilities and the forms of the remembering of the accident. Second, it analyses the incorporation of the past of the accident into the national identity narratives that the State and its challengers have developed and that contributed to overshadow the disaster with regard to others events of the Belarusian past. Finally, this study brings to light the fact that the way Belarusian authorities have managed the health consequences of the radioactive contamination, which focuses mainly on the individual psychological and health problems, favored the depolitization of the memory of the Chernobyl disaster.

Abstract FR:

Prenant pour objet d’étude les usages politiques de l’accident de Tchernobyl en Biélorussie entre 1986 et 2008, cette thèse analyse les raisons d’une faible importance de la mémoire de la catastrophe nucléaire dans la vie politique de ce pays, dont près d’un quart du territoire a été gravement contaminé par les retombées radioactives. Cette recherche identifie les facteurs de l’écartement des souvenirs de l’accident de la sphère publique à travers l’examen des principales étapes de la construction des représentations de la catastrophe : la gestion de la crise post-accidentelle par les autorités soviétiques entre 1986 et 1987, la mobilisation politique et sociale autour des problèmes liés aux conséquences de la catastrophe entre 1989 et 1991, les politiques identitaires de l’Etat biélorusse et de ses contestataires entre 1994 et 2008. Tout d’abord, cette thèse s’attache à mesurer l’impact aussi bien de la libéralisation du régime politique à la fin de l’URSS que du retour progressif à l’autoritarisme à partir du milieu des années 1990 sur les possibilités et les formes de l’évocation du passé de l’accident. Ensuite, elle analyse l’inscription du passé de l’accident dans les récits de l’identité nationale proposés par l’Etat et ses contestataires et conduisant à l’occultation de la spécificité de l’accident vis-à-vis d’autres événements du passé biélorusse. Enfin, cette recherche met en lumière la façon dont la gestion de l’impact sanitaire de la contamination radioactive par les autorités biélorusses favorise la dépolitisation de la mémoire de la catastrophe de Tchernobyl, notamment en mettant l’accent sur des problèmes psychologiques et d’hygiène individuels.