Abstract FR:

Avant le processus de démocratisation, le climat politique en Mauritanie a longtemps été caractérisé par une dialectique de la contestation et de la récuperation. Cette stratégie est le fait d'une élite politique divisée par une bipolarisation entre nationalistes négro-africains et arabophones. C'est dans ce contexte que se situe l'émergence des Haratin en tant que mouvement politique se définissant comme le porte-parole d'une catégorie sociale pour lequel le stigmate de servilité tient lieu de critère unique de légitimité et de levier de revendication politique. Ce travail analyse cette mobilisation haratine en privilégiant une analyse fondée sur les réalités sociales, culturelles et politiques de la scène politique mauritanienne. Il montre que la question haratine en Mauritanie masque un autre problème fondamental, celui de l'esclavage. Ainsi, depuis la création de l'état moderne post-colonial et l'instauration d'une démocratie formelle, la captation des Haratin est devenue l'enjeu principal de la lutte entre les différents partis et mouvements politiques. L'analyse tente d'éclaircir les contours de cette capture qui, pour les leaders politiques d'origine servile passe par la promotion de l'identité arabe de la Mauritanie et l'émergence d'un mouvement cherchant à se dégager un champ autonome dans un processus de démocratisation au sein duquel ses revendications politiques se sont métamorphosées en compétition pour le pouvoir.