La défense hors du sanctuaire : la politique militaire de la France 1990-1995
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
During the last five years of François Mitterrand’s second term of office, between 1990 and 1995, France's military policy underwent many reforms ; but theoretical reflection has difficulty in unearthing new concepts for its renewal. Moreover, French defence culture with its strong national consensus going back thirty years, curbs any desire for change. The white paper on defence, a compromise document published in 1994 during a period of political cohabitation illustrates the intellectual predicament that redefining strategic principles and the way our armed forces are to be employed found itself in in the early 1990's. The document manages to find a compromise between the old dogmas and the assertion of new priorities. Despite the difficulties to formulate new forms of theoretical and political expression, three themes dominate defence matters between 1990 and 1995 : peace dividends, the lessons learned from the gulf war and the construction of a new security system in europe. These analyses encourage the political leaders to launch a renewal of the military machine, with the will to take the consensus on defence a stage further whilst maintaining it intact. In some ways the procrastination in our defence policy reveals hesitation to engage reform, and at the same time, appears as the necessary condition to a new expression of the internal political consensus on fresh grounds. The second reform of the fifth republic's defence policy is nonetheless actively underway. None of its main objectives will be subsequently reviewed, even though the format was changed after 1995 and the adoption of a professional army was decided upon. 1990 to 1995 was the first stage in a transitional reform which further strengthens France's European commitment.
Abstract FR:
Pendant les cinq dernières années du second septennat de François Mitterrand, entre 1990 et 1995, de nombreuses reformes de la politique militaire française sont entreprises ; mais la réflexion théorique peine à dégager de nouveaux concepts applicables au renouvellement de la politique de défense de la France. En outre, la culture de défense française, marquée par un fort consensus national depuis trente ans, refrène les aspirations aux changements. Œuvre de compromis, le livre blanc sur la défense publie en 1994 en pleine cohabitation, est une illustration des embarras intellectuels auxquels est confrontée la redéfinition des principes stratégiques, et du cadre d'emploi de nos armées au début des années quatre-vingt-dix. Ce document pratique l'accommodement entre les dogmes anciens et l'affirmation de priorités nouvelles. Malgré des difficultés de reformulation théorique et politique, une triple thématique domine les affaires de défense entre 1990 et 1995 : les dividendes de la paix. Les leçons de la guerre du Golfe, la construction d'un nouveau système de sécurité en Europe. Ces analyses incitent les responsables politiques à amorcer la refonte de l'outil militaire, avec le souci de faire évoluer, sans le briser, le consensus sur la défense. D'une certaine façon, les atermoiements de notre politique de défense témoignent à la fois des hésitations sur les voies de réforme et apparaissent en même temps comme une condition nécessaire à la reformulation d'un consensus politique interne sur des bases nouvelles. La seconde réforme de la défense de la Vème république est cependant durablement engagée. Aucun de ses grands objectifs ne sera revu par la suite même si après 1995 les formats sont modifiés et si est décidé le passage à l'armée de métier. Les années 1990-1995 sont la première étape d'une reforme de transition qui engage d'avantage la France dans l’Europe.