Le phénomène social et politique de l'autonomie syndicale dans les services publics (1945-1997)
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Non-affiliated unionism in the public sector is not a recent phenomenon. Since 1945, it has featured differently depending on social and political contexts such as the post-war period, the following economic "boom", then the period of low growth. Non-affiliated unions were held to be "scab" unions during the first two periods. But in fact they were globally reformist and very different depending on their local implantation. Following in a sense the steps of big trade-unions they showed the same bureaucratic faults by opposing autonomous activity of rank and file workers. But, on the other hand they embodied already a will to be closer to the grass-roots, the refusal of dividing unionism along political lines and demonstrated a more open way of functioning, all keys of non-affiliated-unions present success. The crisis now affecting public services bounded by budgetary restrictions as well as the bureaucratisation of both government-linked and more militant trade unions frees the way to non-affiliated unionism. It became a means of expressing social and political discontent, a mix of uneasiness about unemployement and about social rights once ensured by public utilities. This expression is linked to social movements, both appearing as a pragmatic form of protest, impulsed by former radical or sixty heighters militants that reject ideology while still being imbued by it. Non-affiliated unionism follows a reformist (claimed in particular by the Union nationale des syndicats autonomes) and a corporatist (claimed by the Fédération générale autonome des agents de conduite) tradition. But it also brings a renewal of trade-unionism, especially SUD-PTT which created a melting-pot of political and trade-unionist trends of opinion and is exporting successfully in the public and in the private sectors an image of a democratic union, spreading the values of fellowship and joint action. Members of the "Groupe des 10", these new Sud unions take up a position of outsiders amongst the rest of militant trade unions.
Abstract FR:
Le syndicalisme autonome dans les services publics est un phénomène ancien. Depuis 1945, il est marque par des contextes socio-politiques différents : ceux de l'après guerre, de la croissance forte, puis de la croissance faible. Dans les deux premières périodes, le syndicalisme autonome est réputé "jaune", il est en fait surtout réformiste, et localement très diversifie. Il produit les mêmes travers bureaucratiques que ses aînés, s'opposant au mouvement autonome de la base, mais il incarne déjà la volonté de proximité au terrain, le refus de diviser le syndicalisme par la politique, et la souplesse de fonctionnement qui participent au succès du syndicalisme autonome actuel. La crise actuelle des services publics, soumis à la rigueur budgétaire, la bureaucratisation du syndicalisme confédéral d'accompagnement et celle du syndicalisme contestataire permettent au syndicalisme autonome d'exprimer un mécontentement socio-politique, mélange d'inquiétudes sur l'emploi et les droits sociaux universaux qu'incarnait le service public. Cette expression se fait en lien avec le mouvement social explorant la même voix d'une contestation pragmatique, sous l'impulsion d'anciens militants gauchistes ou soixante-huitards refusant l'idéologie tout en restant imprégnés par elle. Le syndicalisme autonome s'inscrit dans une tradition réformiste (revendiquées notamment par l'Union nationale des syndicats autonomes) et corporatiste (revendiquées notamment par la Fédération générale autonome des agents de conduite). Mais il participe aussi au renouveau syndical autour de SUD-PTT, qui a forgé un creuset dans sa profession et exporte son image d'un syndicalisme unitaire, démocratique et solidaire dans le secteur public mais aussi dans le secteur privé. Regroupés dans le "Groupe des 10", ces nouveaux syndicats Sud se placent dans une situation d'"outsider" par rapport au syndicalisme contestataire en général.