Abstract FR:

Depuis la fin de la guerre d'Algérie, la population française compte parmi ses membres un groupe particulier, celui des français-musulmans rapatriés. Ceux appelés communément les "harkis" révèlent, au moment de leur arrivée – et bien avant que ne soient lancés les débats sur les conditions d'accueil et d'intégration des immigrés maghrébins – les difficultés d'acculturation aux normes de la société française des migrants d'origine maghrébine. En 1999, plus de trente-cinq ans après la fin du conflit franco-algérien, les enfants de harkis continuent à manifester une colère sourde et violente face à l'injustice dont ils estiment être les victimes de nationalité française acquise par l'engagement de guerre des pères, ces jeunes franco-maghrébins n'acceptent pas les discriminations raciales qui les affectent et refusent d'être confondus avec les "beurs". De fait, la perspective d'un cadre réel de "double paradoxe identitaire" les place dans une situation d'intégration sociale et politique quelque peu atypique. Ce paradoxe met également en lumière les dysfonctionnements d'un modèle d'intégration à la française qui manque aujourd'hui plus que jamais à sa tâche. A travers l'observation de 25 situations de vie très précises, la thèse tente d'appréhender la manière dont ces jeunes construisent leur identité dans la société française. Quelle vision ont-ils de la société dans laquelle ils vivent ? Comment en viennent-ils à s'investir et à prendre position dans le débat citoyen? La prise en compte de dimensions comportementales et attitudinales nous amène, entre autre, à constater la présence de quatre grands types de rapport à la politique correspondant à des logiques d'engagement et de positionnement très différentes dans l'espace public. Ce travail nous conduit également à apprécier la teneur du lien entre les formes d'intégration sociale et la construction de l'identité politique des individus.