Les Juifs russes de la mort de Staline à la fin de l'Union soviétique : trajectoires identitaires
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work addresses the ethnic and cultural identification mechanisms of Russian Jews from the former Soviet Union. It traces the development of Russian-Jewish life from the end of Stalinist state-sponsored anti-semitism in 1953, through the institutionalization of discriminatory practices targeting the Jewish minority under Khruschev and Brezhnev, and up to the collapse of the regime in 1991. It analyzes Russian Jews’ ethnic self-presentations, dissimulations, and denials as political acts in response to the ideological and bureaucratic treatment of ethnicity and, more specifically, of the Jewish question within the Soviet context. As such, this research puts forward new paradigms of the overlapping and merging of identities (categorical, interactional, and personal). It also studies various group-building experiences such as the homogenization of social practices, individual micro-solidarities, collective withdrawal to the private sphere, and political dissent. This study analyzes the official and informal anti-Jewish exclusionary practices since the end of the 1950s; the creative coping tactics of Russian Jews as a group; and the institutionalization of new Jewish memorial schemes since Glasnost. It promotes the importance of context sensitivity and of the biographical methods, and highlights the development of a distinct Russian-Jewish groupness that extends beyond the boundaries of the Soviet definition of ethnicity. As such, it enables a better understanding of the extent and limits of the power of the State to determine identity and the role played by social networks in response.
Abstract FR:
L’étude examine les mécanismes d’identification et de contre-identification ethnique et culturelle des Juifs russes de l’ex-URSS, depuis la fin de l’antisémitisme d’État stalinien, suivie de l’institutionnalisation de la discrimination ethnique pratiquée prioritairement envers les Juifs sous Khrouchtchev et Brejnev, jusqu’à leur disparition à l’ère post-soviétique (1953-1991). Il s’agit d’interroger le déploiement des trajectoires biographiques des Juifs russes en analysant leurs modes d’affirmation, de recouvrement et de déni identitaires comme des phénomènes politiques qui renvoient, en dernier recours, au dispositif idéologique et administratif de la question ethnique et, plus spécifiquement, de la question juive dans le contexte soviétique. Engageant une réflexion sur l’imbrication et le télescopage des identités (catégorielle, interactionnelle, personnelle) ainsi que sur les formes de constitution en groupe (composition des pratiques, microsolidarisation des individus, repli sur des espaces privés de regroupement, hyper-activisme contestataire), le travail analyse les pratiques officielles et informelles de l’exclusion anti-juive depuis la fin des années 1950, les modes d’adaptation inventive des Juifs russes conduisant à leur auto-marginalisation en groupe ainsi que l’institutionnalisation progressive de nouveaux schèmes mémoriels juifs depuis la Glasnost. En défendant une pensée par cas, l’étude montre en quoi les Juifs dessinent à leur insu un ensemble irréductible à leur gestion ethnique officielle permettant, à partir de l’exemple soviétique, de mieux délimiter la portée de la performativité identitaire de l’État et le rôle joué par les réseaux sociaux.