L'ordre de la violence : ordre politique, historicité des violences et gestion des conflits au Rwanda et au Burundi dans les années 1990
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Based on the Rwandan and Burundian examples, this research endeavours to analyse which processes can lead to carrying out mass violence, as well as analyzing its characteristics. It leads to questioning which "figurations" (Norbert Elias) enable heterogeneous parameters to converge and form such processes : social movements, leaderships' strategies, their capacities of administrative framing and of ideological mobilizations, voluntary participation of perpetrators beyond the state apparatus coercive abilities, as well as how these internal dynamics meets international approaches. Political violence is frequently analyzed through an "intentionalist" approach rested on two postulates, i. E. Violence as a tool in political rivalries and rulers' capacities to manoeuvre the ruled into perpetrating violence. Without excluding these postulates, this research relativizes their roles by taking into account the historicity of violence and the political and social orders in/from which they proceed. Some "dispositifs" (Michel Foucault) of violence might be formed, including an individually internalized relation to violence and eliding alternative "repertoires" (Charles Tilly). Resorting to violence as a strategic tool is then facilitated by possible conformism into violence thus euphemized. Three themes go through the four parts of this text : an analysis of inner-circles, their setting-up, strategies and imaginaries ; the spin-off effects ensued by relations between national and international players, as well on the state-building processes ; consequences of the two former on the Rwandan and Burundian societies in terms of social mobilizations and imaginaries.
Abstract FR:
A partir des exemples rwandais et burundais, cette recherche tente d'analyser les processus permettant la réalisation et le déroulement de violences de masse. Ils amènent à s'interroger sur les configurations rendant possibles la convergence de mobilisations "populaires" avec les stratégies de dirigeants, l'importance des capacités d'encadrement et de mobilisation idéologique des dirigeants, mais aussi sur les participations volontaires par delà l'encadrement institutionnel et idéologique, ainsi que sur l'articulation entre ces dynamiques internes et les approches des acteurs internationaux. Plus qu'une approche "intentionaliste" reposant sur deux postulats -dimension instrumentale de la violence ; capacité des dirigeants à instrumentaliser les dirigés-, l'approche de ce texte relativise sans les exclure ces deux postulats en prenant en compte l'historicité des violences et le type d'ordres politiques et sociaux avec lesquelles elles s'articulent. Des dispositifs de violence se forment, par l'intériorisation du rapport à la violence, l'élision des répertoires alternatifs, et les conformismes dans la violence, ainsi euphémisée, facilitant une dimension instrumentale de cette dernière. Trois thèmes principaux traversent les trois parties de ce texte : une analyse des cercles dirigeants, de leurs compositions, stratégies et conceptions du pouvoir ; les effets des relations entre nationaux et internationaux sur ces dimensions, ainsi que dans le processus de développement de l'appareil étatique ; les conséquences de ces deux éléments sur les sociétés burundaise et rwandaise en terme de formation des imaginaires et de modalités des mobilisations sociales.