thesis

Les intellectuels juifs français contemporains : l'invention d'une nouvelle pensée juive en France aujourd'hui (1967-2010) : sociologie, histoire, politique

Defense date:

Jan. 1, 2011

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Abstract EN:

“The ante-Semite blames the Jew for being Jewish; the democrat would gladly blame him for considering himself to be Jewish. Between his enemy and his supporter, the Jew appears to be in pretty bad shape. It seems that the only thing he can choose is the way he will be tricked”. Has the situation changed a lot since the time when Jean-Paul Sartre was writing these lines, just after World War II? In France, since the start of the new century, we have observed the unexpectingly forceful reemergence of a “Jewish question”, a question we thought belonged to past days for good. And, like in the days of Sartre, some Jewish and non-Jewish intellectuals have picked up the question to discuss it in public. Yet, one difference is blindingly obvious today: some Jewish intellectuals won’t make do with choosing “the way they will be tricked” any more. Thus, a significant number of contemporary French Jewish intellectuals, whatever their political views, won’t conceal their”identity”, their “judaism” or their “judeity” behind the abstract and universal subject of human and civil rights any longer (though a few “democrats” in the Sartrian sense of the word still encourage them to do so from time to time). What does this imply? That these "newcomers" in the French intellectual debate are not as universalist as their senior? That they have "betrayed" the cause of the "scholars", which is so dear to Julien Benda? What has happened? How can we understand this change? What is the meaning of it and what is at stake? We intend to devote ourselves to this set of questions.

Abstract FR:

« L’antisémite reproche au Juif d’être Juif ; le démocrate lui reprocherait volontiers de se considérer comme Juif. Entre son adversaire et son défenseur, le Juif semble assez mal en point : il semble qu’il n’ait rien d’autre à faire qu’à choisir la sauce à laquelle on le mangera ». La situation a-t-elle beaucoup changé depuis l’époque où Jean-Paul Sartre écrivait ces lignes, juste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ? De nouveau, dans la France des années 2000, on a vu ressurgir, avec une vigueur pour le moins inattendue, une « question juive » dont on avait cru jusque-là qu’elle appartenait à des temps définitivement révolus. Et, comme au temps de Sartre, des intellectuels, juifs comme non juifs, se sont emparés de la « question » pour en débattre sur la place publique. Toutefois, une différence saute aux yeux : certains intellectuels juifs ne veulent plus se contenter aujourd’hui de « choisir la sauce à laquelle on les mangera ». Ainsi, un nombre significatif d’intellectuels juifs français contemporains, quelles que soient leurs orientations politiques, n’acceptent plus désormais (bien que quelques « démocrates » au sens sartrien les y invitent encore parfois) de dissimuler leur « identité », leur « judaïsme » ou leur « judéité », derrière le sujet abstrait et universel des droits de l’homme et du citoyen. Qu'est-ce à dire? Que ces "nouveaux venus" dans le débat intellectuel seraient moins universalistes que leurs aînés? Qu'ils auraient "trahi" la cause des "clercs" si chère à Julien Benda? Que s'est-il passé? Comment comprendre ce changement? Quels en sont la signification et les enjeux? C'est à ces questions que nous entendons nous consacrer dans ce travail.