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Tatars de Crimée et Tchéchènes après 1991 : étude comparée de deux processus sociaux et culturels de construction identitaire : identité nationale, mémoire et ressentiments

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Jan. 1, 2003

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Abstract EN:

This work attends to study, in a comparative way, the social and cultural processes of identity's construction of two former deported peoples, the Crimean Tatars and the Chechens, in the former Soviet space. More specifically it focuses on resentments and national identity and on the strategies adopted by these two national minorities to reach recognition of their respective cultural, historical and political specificities. The deportation and more generally the Soviet policy towards them have altered the systems of beliefs and of norms and the perception of themselves. The signification given to the deportation by the work on representations made by elites therefore affects the process of identity construction: it leads to a rejection of the "Others" - here the Russians in general - and the construction of permeable group boundaries though a movement towards an invented past. The persistence of diffuse resentments in the individual and collective memories of the deportation and the instrumentalisation of such emotions by the elites - rhetoric of an injustice to erase, rhetoric of "never again" - explain the mobilisation observed at the beginning of the 1990's both in Crimea and in Chechnya behind an ideal of restoration of the rights lost in 1944 and the radical political orientation of these two national groups. This research based on popular sources (testimonies, poetry and folklore), on official documentation and on participant observations refers to a socio-historical perspective.

Abstract FR:

Cette étude comparée a pour problématique le processus social et culturel de construction identitaire et pour terrains d'observation deux peuples déportés d'ex-Union soviétique, les Tatars de Crimée et les Tchétchènes. Elle s'attache à montrer les liens qu'il existe entre ressentiments et identité nationale et se concentre sur les stratégies développées par ces deux minorités nationales pour obtenir une reconnaissance de leurs spécificités culturelle, historique et politique respectives. La déportation et plus généralement la politique nationale soviétique menée à leur égard ont altéré les systèmes de croyances et de normes et la perceptions de soi-¬même. Dès lors, la signification donnée à la déportation par le travail sur les représentations opéré par les élites conditionne le processus de construction identitaire : il induit un rejet de l'"Autre" - ramené artificiellement aux Russes en général - et entraîne la construction de frontières de groupes imperméables, dans un mouvement vers un passé inventé. La persistance de ressentiments diffus dans les mémoires individuelles et dans la mémoire collective, et l'instrumentalisation de telles émotions par les élites - rhétorique de l'injustice à effacer et du "plus jamais cela" - expliquent la mobilisation observée au début des années 1990 en Crimée et en Tchétchénie derrière un idéal de restauration des droits considérés comme perdus en 1944 et les orientations politiques radicales de ces deux groupes nationaux. Cette recherche, basée sur des sources populaires (témoignages, poésie et folklore), sur une documentation officielle et sur des observations participantes, se place dans une perspective socio-historique.