Le vote Front national en Alsace : sociologie politique d'un vote complexe
Institution:
Université Robert Schuman (Strasbourg) (1971-2008)Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This project, which consits in the study of the Front national vote in Alsace stems from the high share of the vote obtained in Alsace by J. M. Le Pen at the presidential elections of 1988 and 1995. It also stems from the interpretation which had been made of these results : that they indicate a strong feeling of regional identity among voters in Alsace. The study takes the form of an analysis of interviews carried out with 22 voters and an examination of the geographical distribution of the votes. Front national voters are all xenophobic and wish to register a protest vote. These voters think in term of categories and operate an distinction between members of the ingroup and members of the outgroup on the basis of a ethnicisation of economic and social problems. These voters all express violent criticism of institutions, justice and the media. The degree of commitment of theses voters varies: their declarations are ofter contradictory. They are at one and the same rime attracted by the Front national and afraid of it. The high rural vote for the Front national in Alsace, which is usually compared with the vote for the Front national in the rest of France, corresponds in fact to the votes of workers and it results from the fact that rural zones contain more workers than urban zones and in particular than town centres. This vote of rural workers for the Front national can also be observed in other regions of Eastern France. In other respects, it seems important to analyse the high share of the vote for the Front national in Alsace in relation to the specific political attitudes, which have existed in Alsace-Moselle since 1871, especially with regard to the strong predominance of right-wing and centre-wing parties as well as the electoral weakness of left-wing parties in this region.
Abstract FR:
Le projet d'étudier le vote Front national en Alsace découle des scores élevés obtenus par J. M. Le Pen aux élections présidentielles de 1988 et de 1995 dans cette région ainsi que de l'interprétation " identitaire " qui fut faite de ce vote. La démarche utilisée pour cette étude consiste en l'analyse des entretiens effectués auprès de 22 électeurs ainsi qu'en l'examen des résultats électoraux étudiés dans leur cadre spatial. Le vote Front natonal émane de personnes dont le discours principal est un discours hétérophobe et protestataire. Ces électeurs raisonnent par catégories en opposant les membres de l'ingroup aux membres de l'outgroup sur la base d'nne ethnicisation des problèmes économiques et sociaux. . Ces électeurs développent également un discours protestataire marqué contre les Institutions (hommes politiques, justice, presse etc. . . ) Le degré d'adhésion de ces électeurs au Front national ou à ses idées est variable et s'exprime par des propos qui sont parfois contradictoires et qui montrent que ces électeurs s'efforcent de concilier une position d'attirance d'une part et de rejet d'autre part par rapport au Front national. Le fort vote rural alsacien pour le Front national, qui a en tendance à être opposé au vote Front national dans la France dans son ensemble, correspond à un vote onvrier et il est la conséquence du fait que les zones rurales sont en général davantage ouvrières que les zones urbaines et notamment que les centres--villes. Un tel vote rural ouvrier pour le Front national peut également être observé dans d'autres départements de l'est de la France. Par aillenrs il semble important d'analyse les scores élevés du Front national en Alsace dans le cadre du particularisme politique alsacien--mosellan tel qu'il existe depuis 1871, notamment du point de vue de la forte prédominance de la droite et du ceutre dans cette région depuis 1945 ainsi que de la faiblesse électorale de la gauche.