Islam et modernité économique en Indonésie
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This Ph. D. Dissertation aims at shedding light on the phenomenon of religious commodification as it currently expands in Muslim Southeast Asia, as in other regions of the world. It applies the New Economic Sociology’s “cultural embeddedness theory” to the study of Indonesian Islam. In the case of entrepreneurial communities of the Chinese diaspora, ethnicity and family are viewed as conferring an advantage in the process of economic development. Many studies have dealt with the issue of whether Islam could similarly represent a spiritual and social capital for Muslim entrepreneurs. The author first questions the traditional approach to this specific subject, which uses Max Weber’s Protestant ethic thesis to show that, in Muslim countries’ path to economic modernity, Reformist Islam plays a role similar to Calvinism. Drawing from the New Economic Sociology, he proposes a combined cultural and structural approach to analyze the economic endeavors of two types of institutions: first, the Muhammadiyah, Indonesia’s most important reformist mass-organization, established in 1912, which has tried to develop lucrative activities, particularly since the end of the 1990s, in addition to its charitable foundations; and second, the networks of preachers cum entrepreneurs, who represent the clear economic orientation of Post-Islamism. This work describes the process of continuous reinvention of Islamic economic ethics and practices, in line with the demands of contemporary capitalism.
Abstract FR:
Cette thèse traite du phénomène de « commercialisation du religieux » (religious commodification) qui se développe actuellement en Asie du Sud-Est musulmane, comme dans d’autres régions du monde. Elle applique la théorie de l’« encastrement culturel » de la Nouvelle sociologie économique (NSE) à l’étude de l’Islam indonésien. Dans le cas de certaines communautés entrepreneuriales de la diaspora chinoise, la structure familiale et les liens ethniques sont considérés comme offrant un avantage dans le processus de développement économique. De nombreux débats ont porté sur le fait que l’islam puisse constituer similairement un capital spirituel et social pour les entrepreneurs musulmans. En premier lieu, l’auteur remet en question l'approche qui, reprenant la thèse de L’Éthique protestante de Max Weber, entend démontrer que l’Islam réformiste joue un rôle similaire à celui du calvinisme dans la marche vers la modernité économique des pays musulmans. Il propose par la suite une méthodologie inspirée par la NSE, approche tant « culturelle » que structurelle, et se concentre sur deux objets d’étude : d’une part, la Muhammadiyah, la grande organisation socio-religieuse de l’Islam réformiste, créée en 1912, qui a tenté d’adjoindre à ses fondations caritatives une dimension lucrative, notamment à partir de la fin des années 1990 ; d’autre part, les réseaux d’entrepreneurs-prédicateurs qui représentent l’orientation économique marquée du post-islamisme. Ce travail décrit le processus de réinvention continue d’une éthique et de pratiques économiques islamiques, en lien avec les impératifs du capitalisme contemporain.