L'Amitié des peuples à travers l'objectif de la caméra soviétique : politique des nationalités et cinéma en URSS de 1928 à 1941
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Friendship among people” is an expression created by Communist Party leaders in the USSR in the middle of the 1930’s. It illustrated the shift in the policy of nationalities at that time. In 1936, in a speech announcing the adoption of a new Soviet Constitution, Stalin declared that thanks to Socialism, former dissensions between peoples had disappeared. On a political level, the expression “friendship among people” was used as a metaphor to unify all soviet citizens inside the same political community. This new step in the policy of nationalities marked the end of the “affirmative action” towards all nationalities in the USSR, as the historian Terry Martin qualified this policy. Cinema appeared to be a relevant object of research to analyse all the breaks and continuities in the implementation of the policy of nationalities in the USSR from 1928 to 1941. Cinema, as “the most important of all the arts”, especially for its propagandistic purposes, became an object of particular interest for Communist Party leaders. In this dissertation, we focused our attention on two objects: Vostokkino, a cinema production studio, created in 1928 to represent “eastern peoples”, and the National Film Festival, planed to occur in 1937 for the 20th jubilee of the October Revolution. The Festival didn’t occur because most of the discussions during the organisation of this Festival showed that the policy of nationalities in soviet cinema did not succeed. The study of those two objects showed how the cinema industry was used to transmit the socialist message among all the peoples and how the film analysis was another way to describe the reality of this time.
Abstract FR:
L’Amitié des peuples est une expression conçue par les dirigeants du Parti communiste pour illustrer la transformation de la politique des nationalités en URSS au milieu des années trente. Cette Amitié des peuples prônée par Staline à la veille de l’adoption de la nouvelle Constitution soviétique de 1936 marquait selon lui la fin des dissensions interethniques grâce à la construction du socialisme. D’un point de vue politique, cette expression était perçue par les dirigeants bolcheviques comme une métaphore permettant l’unité des républiques et régions nationales dans une même communauté politique. Cette étape dans le processus de la politique des nationalités venait mettre fin à la politique de promotion des cultures et identités nationales des années vingt, c’est à dire une politique d’indigénisation ou, comme l’historien américain Terry Martin l’a qualifiée de « discrimination positive ». Le cinéma soviétique sert ici de prisme pour étudier les ruptures et continuités dans cette mise en place de la politique des nationalités en URSS de 1928 à 1941. Considéré comme « le plus important de tous les arts », surtout d’un point de vue de la propagation du message socialiste, le cinéma a fait l’objet d’un intérêt particulier par les plus hautes instances du Parti communiste. Cette thèse est construite autour de deux objets de recherche : d’une part le studio de cinéma pour les peuples de l’Orient soviétique Vostokkino, et d’autre part un festival de cinéma qui devait avoir lieu en 1937 à l’occasion des vingt ans de la révolution pour montrer les succès de la politique des nationalités dans l’industrie cinématographique, et qui n’eut finalement jamais lieu.