thesis

Culture, politique et contestation à Cuba (1989-2009) : une sociologie politique des modes non conventionnels d'action collective en contexte autoritaire

Defense date:

Jan. 1, 2010

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Abstract EN:

This dissertation is based on eleven months of fieldwork in Cuba. Its objective is twofold. First, understand how contentious dynamics have emerged and endured through time without undergoing severe repression, like dissident movements. Secondly, grasp what the existence of this tolerated contention tells us about the way power is wielded in such a context. Contentious practices are here defined as intentional, collective and conflictive. This study focuses on the relationships between contentious movements and State authorities, in order to understand the logics of their interactions. Elaborating on this, this dissertation shows that contentious practices are partly tolerated by the authorities because they are neither oppositional nor directly political. They are linked up, though in a critical and sometimes subversive way, to the norms of the revolutionary socialization, on which are based the legitimate frameworks for perception of reality. Contentious movements are situated at the margins of the cultural field, thanks to the creation of a hybrid repertoire: between collective action and cultural creation. That ambiguity allows them to negotiate space for action, according to the levels of government. Authorities grant them some space because that this allows for the regulation and containment of contention, through the use of a specific mode of coercion, which is based on uncertainty and arbitrariness. This study also brings to light the plasticity of the Cuban regime and invites us, beyond that specific case, to substitute analyses in terms of erosion of governing capacity for analyses of the modes of adaptation and transformation of authoritarian regimes.

Abstract FR:

Fondée sur onze mois d’enquête de terrain à Cuba, cette thèse a un objectif double : comprendre comment des dynamiques contestataires émergent et perdurent sur le long terme sans faire l’objet d’une répression sévère, à l’instar des dissidents ; et saisir ce que l’existence de cette contestation tolérée nous apprend sur les modes d’exercice du pouvoir dans un tel contexte. Les pratiques contestataires sont ici problématisées comme intentionnelles, collectives et conflictuelles et étudiées de façon relationnelle, afin de restituer les logiques d’interaction entre autorités socialistes et collectifs contestataires. A partir de cette démarche, ce travail montre que les pratiques contestataires sont partiellement tolérées par les autorités car elles ne sont ni ppositionnelles ni directement politiques. Elles s’articulent, quoique de façon critique et parfois subversive, aux normes de la socialisation révolutionnaire, qui fondent les cadres légitimes de perception de la réalité. Elles s’inscrivent aux marges du champ culturel à travers l’élaboration d’un répertoire hybride, entre action collective et création culturelle. Ces ambiguïtés permettent aux collectifs de négocier des espaces d’action selon les échelles de gouvernement. Les autorités leur octroient ces espaces car ils permettent la régulation et la contention de la contestation, à travers une coercition fondée sur l’incertitude et l’arbitraire. Cette étude met ainsi à jour la plasticité du régime cubain et incite, au-delà de ce cas spécifique, à substituer aux analyses en termes d’érosion de la capacité à gouverner l’observation des modes d’adaptation et de transformation des régimes autoritaires