Espace protestataire et autoritarisme : nouveaux contextes de mise à l'épreuve de la notion de fluidité politique : l'analyse des conjonctures de basculement dans le cas du Maroc
Institution:
Aix-Marseille 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This research analyses Moroccan authoritarian regime's transformations in the light of the emergence, functioning, and impact of social movements during periods of political change without democratization. Between 1999 and 2003, the field work focused on two series of mobilizations concerning key issues regarding the regime's formation: the “years of lead” and the reform of women's condition. By putting the academic knowledge concerning Moroccan regime into question, the research shows how relevant a sociological approach of Moroccan authoritarianism is, far from the makhzen theories and transitology. The mapping of contentious politics considers together the political careers made in the name of Islam and those in behalf of human rights; it links individual careers to competitions for taking over public causes. By sequentially analyzing collective action, this work considers the part of entrepreneurs in social movements' constitution. Then, it moves on to contentious practices and stresses on practical dilemmas faced by the actors and on the impact of their modes of action on public policies. The most interesting point in Moroccan mobilizations in the 90's is that they catch the political system's architecture out, unlocking the political field and putting an end to its neutralization during critical conjunctures. Forcing their issues in politics, contentious actors endow the latest with a new conflictive aspect. The mobilizations affect the authoritarian network all the more efficiently since the protesters take advantage of the resources and arenas of the international scene
Abstract FR:
Cette thèse analyse les transformations de l'autoritarisme marocain à la lumière de l'émergence, du fonctionnement et de la portée des mouvements sociaux en période de changement politique sans démocratisation. Deux séries de mobilisations autour d'enjeux centraux dans la formation du régime - les " années de plomb " et la réforme de la condition féminine - ont fait l'objet d'une enquête de terrain entre 1999 et 2003. Mettant en perspective les savoirs constitués sur le régime marocain, cette recherche montre l'intérêt d'un point de vue sociologique sur l'autoritarisme, à l'écart des théories du makhzen ou de la démocratisation. La cartographie de l'espace protestataire considère dans un même mouvement les carrières menées au nom de l'islam ou des droits humains, articulant itinéraires individuels et dynamiques concurrentielles de l'investissement des causes publiques. S'appuyant sur une analyse séquentielle de l'action collective, le propos considère la place des entrepreneurs dans la constitution de mouvements sociaux. Il s'intéresse ensuite aux pratiques protestataires, insistant sur les dilemmes pratiques des acteurs et la manière dont leurs modes d'action permettent de peser sur les dispositifs d'action publique. Les mobilisations marocaines des années 1990 ont pour principal intérêt de prendre en défaut l'agencement du dispositif de pouvoir, mettant fin au verrouillage du champ politique et à sa neutralisation au cours de conjonctures caractérisées par leur fluidité politique. Faisant entrer leurs enjeux en politique, elles lui confèrent un tour conflictuel inédit.