Abstract FR:

Pour decrire des processus d'assignation categorielle et d'organisation des relations sociales a partir de differences culturelles presumees essentielles, les sciences sociales anglo-americaines disposent depuis plus de vingt ans d'un concept : celui d'ethnicity. Le mot est en france porteur de fantasmes lies a l'image repoussoir d'un dit "modele britannique" qui promeut l'existence des groupes ethniques et leur constitution en forces politiques au sein de la nation. Il evoque irresistiblement le spectre d'un communautarisme ethnique en tant qu'oppose a la tradition nationale francaise qui fonde la democratie sur le lien direct, non mediatise par des groupes, entre le citoyen et l'etat. Nombre de chercheurs et de responsables de politiques publiques en concluent que la notion "typiquementamericaine ou britannique" d'ethnicite ne serait pas transposable a la situation francaise. Dans le but de questionner cette approche, nous avons choisi d'observer et d'analyser, dans les quartiers defavorises des villes de marseille et manchester, la vie professionnelle quotidienne d'acteurs de politiques publiques de developpement social urbain en situation de gestion de l'ethnicite. Nous verrons qu'au-dela d'une commande publique fermee a la difference culturelle, les pouvoirs publics en charge des dispositifs lies a la politique de la ville en france inventent quotidiennement des modalites de mediation avec les minorites ethniques souvent comparables aux mesures en vigueur en grande-bretagne