L'Etat de la politique européenne de voisinage : contribution à une sociologie historique des Etats ukrainien et moldave
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The efficiency of the European Neighbourhood Policy (ENP) in terms of transformation of the neighbouring States is often criticized when compared with enlargement policies. Its relative efficiency can be better apprehended by including a renewed definition of its relationship with the State. It is the opposite of the ‘transitology’ paradigm, exclusively dedicated to regimes, market economy and civil society. Why does the ENP come up against the question of the State in neighbouring countries? In order to answer this question, the EU is considered as a normative power, and the ENP as a frame of social relations between the Union and each neighbour. The ENP promotes a specific form of State, the rule of law (l’“Etat de droit” in French), which is opposed to the threats associated with weak States. Then, the concept of reception of this policy is investigated. This helps to understand why the conversion to a modern State based on the rule of law is not automatic. As such, thinking about the reception of the European State norm requires taking into account the socio-historical dynamics of State-making in the post-Soviet context. Phenomena such as the survival of the Transnistrian entity in Moldova, as well as the Ukrainian “Orange Revolution”, appear thus in their whole complexity under the prism of the historical sociology of the State. It involves articulating both institutional transformation of the State, the change of external pressures, European or not, and the elites in the countries identified. Similarly, this approach helps to rethink the Orange revolution and its relations with the State, specially its relations with the European State norm, i. E. The rule of law.
Abstract FR:
L’efficacité de la politique européenne de voisinage (PEV) en termes de transformation des Etats voisins est souvent décriée comparée à celle de l’élargissement. Son efficacité relative peut mieux se comprendre en proposant une définition renouvelée de son rapport à l’Etat, par opposition à la « transitologie », exclusivement consacrée aux régimes, à l’économie et à la société civile. Pourquoi la PEV bute-t-elle sur la question de l’Etat dans les pays voisins ? Pour répondre à cette question, nous considérons l’UE comme une puissance normative et la PEV comme un cadre de relations sociales entre l’Union et chaque voisin. On retrouve dans la PEV la promotion d’une forme spécifique d’Etat, l’Etat de droit, qu’elle oppose aux menaces associées aux Etats faibles. Nous nous penchons ensuite sur la réception de cette politique. Nous comprenons ainsi pourquoi la conversion à l’Etat de droit n’a rien d’automatique. En effet, penser la réception de la norme étatique européenne exige de prendre en compte les dynamiques socio-historiques de formation de l’Etat dans les contextes post-soviétiques. Des phénomènes tels que la persistance de l’entité transnistrienne en Moldavie et la « Révolution orange » ukrainienne apparaissent ainsi dans toute leur complexité sous l’angle de la sociologie historique de l’Etat. Cela implique d’articuler à la fois les changements institutionnels de l’Etat, l’évolution des pressions extérieures, qu’elles soient européennes ou autres, et le jeu des élites au sein des Etats considérés. De même, cette approche permet de repenser la « Révolution orange » et ses relations avec l’Etat, notamment la norme étatique européenne de l’Etat de droit.