Sciences sociales et coercition : les social scientists des territoires palestiniens entre lutte nationale et indépendance scientifique
Institution:
Aix-Marseille 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work deals with the power-knowledge-society relation. The core question we address is that of the genesis and fate of autochthonous social sciences without statehood, freedom and democracy, in a context of ongoing violence. We demonstrate that far from acting as impediments, both the coercive and internationalized dimensions of this context provide academic resources as well as a frame to Palestinian social sciences. Through the case of the Palestinian social scientists, this dissertation contributes to a political history and anthropology of social sciences. What is being a Palestinian social scientist ? What are the main trends in Palestinian social sciences and how are they determined ? How does one become and remain a Palestinian social scientist ? Throughout the answers to these questions, we draw synchronic and diachronic relations between produced and reproduced knowledges, academic institutions, faculty and researchers, political history and processes. The ample social trajectories of the Palestinian social scientist relate to violence on the individual and collective level. The therapeutic turn of social sciences manages a double cure : the individual reconquest of daily life of whose control social actors are deprived ; the collective reconquest of a threatened national future.
Abstract FR:
Ce travail a pour thème général la relation savoirs-pouvoirs-société. Il présente une socio-histoire politique des sciences sociales à travers le cas des sociologues et politologues palestiniens des Territoires occupés. L'énigme posée est celle de la genèse et du devenir de sciences sociales autochtones dans un contexte coercitif, en crise et sans État, à travers une série de questions : sociologie et science politique constituent-elles des professions instituées dans l'espace social considéré ? Comment les pratiques disciplinaire interagissent-elles avec les contraintes politiques ? Comment les carrières de sociologue et de olitologue se déroulent-t-elles ? Comment les praticiens des sciences sociales constituent-ils ou expriment-ils leurs engagements professionnels et politiques ? Au fil des réponses, nous mettons en relation les savoirs produits et reproduits, les institutions académiques et leurs savants, en synchronie et en diachronie. Les amples trajectoires sociales des sociologues et politistes palestiniens s'analysent en relation à la violence sur un plan à la fois individuel et collectif. La dimension thérapeutique désormais donnée aux sciences sociales propose une double cure : la reconquête individuelle d'un quotidien dont les acteurs sont dépossédés de la maîtrise ; et la reconquête nationaliste d'un avenir collectif menacé. Nous montrons enfin que loin d'interdire la pratique des sciences sociales, les dimensions de ce contexte à la fois coercitif et internationalisé constituent des ressources académiques autant que les cadres structurants des sciences sociales palestiniennes.