Mobilisations identitaires et recompositions post-soviétiques : le cas du Caucase du Nord (1988-2003)
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
In the middle 80s the implementation of perestroïka in the Soviet Union opens the way to mobilizations of identity in Northern Caucasus, a Russian region where tens of different people coexist. Colonized by the Russian empire during the XIXth century, this region was then sovietized in 1921 after a brief period of independence. A thematic analysis of the vectors of mobilization drives to group them together in two triptychs. Linguistic rehabilitation, the promotion of tradition as a fundamental value, the writing of his own history, all these aspirations form a first triptych. This triptych is essentially based on the idea of " national renaissance ". A second triptych includes quests putting forward identifications à géométrie variable, mobilizing additional resources such as territory, promoting supranational projects such as the establishment of a Confederation of Caucasian peoples or the enforcement of Islam as unifying bond. After focusing on these triptychs in the two first parts, the third part analyzes the way these mobilizations were met, or not, by the incumbent authorities. This is an attempt to understand which of them were negotiable, and which were not, creating instead a conflictual situation. While " sovereignties " granted to federated Republics, the support granted by the federal power to the heads of the Executive as well as internal negotiations contributed to a certain stability and control of more political aspirations. In the case of Chechnya, the overthrow of the Soviet authorities by a national movement, combined with a refusal to negotiate on both sides, drove to war. The effects of the latter are increasingly felt on the whole region.
Abstract FR:
L'instauration de la perestroïka en Union soviétique au milieu des années 1980 ouvre la voie à des mobilisations identitaires au Caucase du Nord, région de Russie où coexistent des dizaines de peuples, colonisés par l'Empire russe au XIXème siècle, puis soviétisés en 1921 après une brève indépendance. Une analyse thématique des vecteurs de la mobilisation conduit à les regrouper en deux triptyques. La réhabilitation linguistique, le projet de retour à la tradition, la volonté d'écrire sa propre histoire, forment un premier triptyque, essentiellement fondé sur l'idée de " renaissance nationale ". Un deuxième triptyque est constitué de quêtes mettant en avant des identifications " à géométrie variable ", mobilisant d'autres ressources, comme le territoire, le projet supranational de mettre sur pied une Confédération des peuples du Caucase, ou de donner à l'Islam une fonction de ciment unificateur. La troisième partie analyse la façon dont ces mobilisations trouvent ou non écho auprès des pouvoirs en place. On tente d'y comprendre ce qui relève du négociable parmi ces revendications, et ce qui crée du conflit. Alors que les " souverainetés " octroyées aux Républiques fédérées font davantage l'objet de concessions symboliques, le soutien accordé par le pouvoir fédéral aux chefs des exécutifs locaux, et les négociations internes concourent au maintien d'une certaine forme de stabilité et de contrôle des aspirations plus politiques. Dans le cas tchétchène, le renversement du pouvoir local par les indépendantistes, conjugué à un refus de la négociation de part et d'autre, conduit à la guerre, dont les effets sur l'ensemble de la région sont de plus en plus sensibles.