L'observation spatiale comme instrument de pouvoir dans les relations internationales : les États-Unis et leurs satellites d'observation, 1955-1985
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Paris 1Disciplines:
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L'observation spatiale pratiquée par les ñtats-unis des années 50 aux années 80 sous-tend un projet de surveillance globale qui évoque le système panoptique imaginé par Bentham dans son projet de prison parfaite, analysé par Foucault dans Surveiller et punir. Comme le surveillant de la tour centrale voit les prisonniers sans que ceux-ci ne puissent le voir, les satellites observent la terre sans que les pays observés ne sachent exactement le moment, l'objet et la précision de l'observation. Le sujet observé doit finir par intérioriser la discipline imposée par le surveillant. Cette surveillance se trouve correspondre à une volonte américaine d'exercer un pouvoir de type nouveau sur la scène internationale dans l'après-guerre. Ce pouvoir doit fonctionner dans une apparente non-violence, par le biais de la persuasion et de la dissuasion. La surveillance satellitaire s'exerce vis-à-vis de l'URSS sur le mode de la menace nucléaire (ciblage, alerte avancée) puis de la maîtrise des armements (moyens de vérification). Un pouvoir différent s'exerce vis-à-vis des alliés des États-unis (sont abordés l'ensemble otanien, puis la Grande-Bretagne, la France, et Israël). Il relève de la maitrisede l'information, alors garantie par le monopole américain, à l'ouest, sur les systèmes d'observation spatiale. Mais dans les faits, le pouvoir panoptique n'est pas totalement efficace. Vis-à-vis de l'URSS, son exercice dépend d'autres facteurs, tels que les évolutions de la stratégie nucléaire et du climat politique entre les deux grands. Il ne fonctionne pas non plus vis-à-vis des alliés : ces derniers conservent une capacité de réaction face aux tentatives américaines de contrôle par l'information. D'autre part, la surveillance panoptique n'est pas la seule forme de pouvoir qu'exprime l'observation spatiale américaine. En effet, les systèmes d'observation spatiale ont pu servir des objectifs politiques plus directement agressifs de la part des États-unis, ne ressortant plus de la discipline indirecte d'une surveillance à distance. Depuis 1990, après l'explosion du monopole des deux grands sur l'observation spatiale dans les années 80 puis la disparition de l'Union soviétique, l'utilisation à des fins politiques de l'observation spatiale par les États-unis a changé du tout au tout.