Abstract FR:

Ce travail s'enracine dans un questionnement sur la mise à l'épreuve historique des discours "naturalistes" qui consistent à discriminer des groupes sociaux en fonction de caractéristiques perçues comme non-sociales (biologie, anatomie, hérédité. . . ). Si cette référence à la nature permet de rationaliser les inégalités dans des régimes contraints par leurs normes égalitaires et libérales, qu'en est-il de ce dispositif lorsque ces groupes transgressent ces "lois naturelles" censées les attacher à certaines places? Tel est le cas des Françaises qui, sous la lIIe République, s'émancipent de leur rôle traditionnel pour s'aventurer dans des professions historiquement masculines. Cette première transgression en génère une seconde: celle que les républicains, hostiles à ces nouvelles doctoresses, avocates ou ingénieures, effectuent en les excluant du principe d'égal accès. Ces affrontements se déploient à travers des litiges sur l'accès des femmes à tel diplôme, grade ou titre, et un débat continu sur leur capacité et leur droit à exercer les professions "viriles". C'est cette controverse, ses arguments et son articulation avec l'évolution de la doxa sur la naturalité de la division sexuée du travail, qui constituent l'objet de cette étude.