Mélancolie et désenchantement : analyse conceptuelle et destins personnels : José Ortega y Gasset, Joseph Schumpeter, Max weber
Institution:
Paris 1Disciplines:
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Abstract EN:
A comparative study of Max Weber, joseph Schumpeter and José Ortega y Gasset reveals that all three were preoccupied by the evolution of the modern world and the future of western civilization. Their uneasiness specifically addresses the paroxystic development of modern enterprises. Bourgeois capitalism, individual progress or entrepreneurship and liberal democracy seem unlikely to survive the new conditions that their own progress contribute to diffuse and, progressively, to impose. Nothing guarantees that societies will be able to continue to benefit from competition, brought about by technical and organizational progress, which mankind seems increasing unable to understand and control. For weber, schumpeter and ortega, modernity does not emerge as an inoffensive "inheritance" : the progressive rationalization, bureaucratization, massification and specialization of the world that our thesis underscores represent, in the discourse of these three authors, the new conditions that accompany the development of modern capitalist societies. These conditions, as on-going processes, menace social practices with an excessive "petrification" and mecanization. This explains the pessimism of the three authors in relation to western capitalist civilization, which they associate, often in ideal-type fashion, with exemplary individual behavior which is henceforth threatened by the rationalization and the objectivation of social spheres of activity : creative minorities for Ortega, the heroic entrepreneur for Schumpeter and the individual prompted by a "calling" for Weber.
Abstract FR:
L'étude comparative des écrits de Max Xeber, Joseph Schumpeter et José Ortega y Gasset révèle que tous les trois sont préoccupés par l'évolution du monde moderne et l'avenir de la civilisation occidentale. Leur inquiétude s'adresse précisément au développement paroxystique des entreprises de la modernité : la rationalisation, la bureaucratisation, la massification et la spécialisation progressives du monde qui accompagnent le développement des sociétés capitalistes modernes menacent les pratiques sociales et la civilisation individualiste libérale bourgeoise. Que ce soit à travers l'image nostalgique wébérienne du protestant inspire soucieux de confirmer son élection, des minorités d’élite générationnelles ortéguiennes appelées à rompre avec les produits sclérosés d'une culture ritualisée ou de l'entrepreneur bourgeois schumpetérien contribuant au processus de destruction créatrice du capitalisme, il y a chez ces trois auteurs une interrogation sur les possibilités de réalisations individuelles dans un monde où des règles et des modalités de fonctionnement rationalisées et impersonnelles limitent de plus en plus la marge de manœuvre et par conséquent la responsabilité et la dignité de l'individu vis-à-vis du déroulement de sa vie. Une interrogation qui débouche sur une vision pessimiste : la routinisation wébérienne étendue à l’ensemble des sphères sociales d'activité, la rénaturalisation du monde ortéguien et la socialisation schumpetérienne de la civilisation capitaliste se rencontraient ainsi dans leur façon d'associer le développement des sociétés modernes à une normalisation et une institutionnalisation mortifères des capacités novatrices et créatrices de l'individu comme sujet.