Les stratégies d'action ouvrières face aux menaces sur l'emploi en France et en Belgique (1996-2003) : étude ethnographique comparée de quatre conflits industriels
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This doctoral thesis deals with the collective response of employees hit by the closure or restructuring of their production tool, putting them at risk of losing their job. We have sought to identify the reasons for resignation or, on the contrary, the inspiration behind protest movements and response strategies put together by industry workers, at a time when such workers are to an extent losing their bearings and their traditional culture of struggle has been eroding. Field studies were carried out on the collapse of Forges de Clabecq, the offshoring of three Levi’s factories, the restructuring of two continental steel plants belonging to Arcelor and the receivership of the Cellatex factory. Our research was framed by a comparison between France and Belgium, as our hypothesis was that unions and the degree with which they work with the state have an impact on the intensity and form of labour movements. In this respect, France and Belgium offer highly contrasting systems. A second key to understanding this phenomenon is the local environment and the underlying characteristics of different employment basins. Lastly, the company itself, its industrial and social history, its local image and its human resources management policies forge the identity, values, collective culture and the perception of class relations of its employees. For this reason, we attach especial importance to the impact of new management on the company’s collective cohesiveness and, accordingly, its mobilisation potential.
Abstract FR:
Cette thèse de doctorat porte sur les réactions collectives des salariés frappés par la fermeture ou la restructuration de leur outil de production et, en conséquence, menacés de licenciement. Nous nous attachons à cerner les raisons de la résignation ou, au contraire, les ressorts des mouvements de protestation et des stratégies d’action mobilisées par les ouvriers de l’industrie, alors même que ceux-ci sont en mal de repères et que l’on constate un délitement de leur culture traditionnelle de lutte. Des enquêtes de terrain ont été menées sur la faillite des Forges de Clabecq, la délocalisation de trois usines de Levi’s, la restructuration de deux unités sidérurgiques continentales du groupe Arcelor et la liquidation judiciaire de l’usine Cellatex. Nos recherches s’inscrivent dans une perspective comparatiste France/Belgique, car nous avions formulé l’hypothèse que les organisations syndicales et leur degré de collaboration avec l’Etat n'étaient pas sans incidences sur l’intensité et la configuration des mouvements sociaux. Or, ces deux pays présentent, à cet égard, des systèmes extrêmement contrastés. Une seconde clé de compréhension réside dans l’ancrage local et les caractéristiques lourdes des bassins d’emplois. Enfin, l’entreprise elle-même, son histoire industrielle et sociale, son image locale, sa politique de gestion de la main-d’œuvre façonnent le patrimoine identitaire, les valeurs, la culture collective du personnel et sa perception des rapports de classe. Aussi accordons-nous une attention toute particulière aux effets du nouveau management sur la cohésion du collectif d'entreprise et, partant, sur son potentiel de mobilisation.