La politique de sécurité nationale à Taiwan sous la présidence indépendantiste de Chen Shui-bian (2000-2008) : sécurité politique et crise de légitimité
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
In 2000, Chen Shui-bian, the candidate of the pro-independence Democratic Progressive Party, is elected President of the Republic of China on Taiwan. The first peaceful transfer of power of the history of Taiwan marks a strategic break in East Asia. After the Kuomintang lost the Chinese Mainland to the Communists and relocated the regime on Taiwan by the end of the 1940s, the island’s external security was always conceived in terms of unfinished civil war with Mainland China. Shui-bian transforms Taiwan’s security policy based on a national referent, although Taiwan independence is viewed in Beijing as a potential casus belli. Without a parliamentarian majority and a power basis in the army, Chen Shui-bian faces legitimacy denial on the domestic arena from his inaugural address. But during his second term, his controversial nation-building project and suspicions of corruption spark off a profound legitimacy crisis. Facing the rise of China, with which economic and trade exchanges continue to grow during his two mandates, Chen Shui-bian’s security policy aims at securing Taiwan’s national sovereignty, although it lacks international recognition. Moreover, the United States, Taiwan’s main source of external support, disapprove Chen’s pro-independence policies. Analyzing Taiwan’s national security policy between 2000 and 2008 aims at determining to what extent and through which strategies a new actor in control of the executive branch of power can overcome internal oppositions and transform a policy inherited from the authoritarian period, against a background of fierce democratic competition, competing national identities and pressures from great powers.
Abstract FR:
L’alternance démocratique historique qui voit l'élection en 2000 de Chen Shui-bian à la présidence de la République de Chine à Taiwan marque une rupture dans les équilibres stratégiques en Asie Orientale. Pour la première fois de l’histoire de la République de Chine depuis son repli sur l’île de Taiwan à la fin des années 1940, sa sécurité extérieure est conçue en termes « nationaux » et non de guerre civile inachevée avec la Chine continentale. Au pouvoir pendant huit ans, le nouveau Président s’emploie à transformer la politique de sécurité taiwanaise à l’égard de la Chine en la fondant sur un référentiel national, alors que Pékin voit l’indépendantisme comme un casus belli. Sans majorité parlementaire et sans base de pouvoir dans l’armée, il fait face dès son entrée en fonction à un déni de légitimité que son entreprise de construction nationale contribue à transformer en crise de légitimité. Face à la montée en puissance de la Chine continentale, avec laquelle les relations économiques de Taiwan ne cessent d’augmenter pendant sa présidence, Chen Shui-bian adopte une politique de sécurité fondée sur la souveraineté nationale de Taiwan, alors même que celle-ci n’est pas reconnue par la communauté internationale et que les Etats-Unis, principal soutien de Taiwan, désapprouvent ce glissement vers l’indépendance. L'analyse de cette politique vise à déterminer jusqu'à quel point et au moyen de quelles stratégies un nouvel acteur au sommet du pouvoir exécutif peut transformer une politique héritée de la période autoritaire en surmontant les oppositions internes, tout en s'interrogeant sur les fonctions de la politique de sécurité nationale dans la compétition démocratique.