thesis

Exil et politique : éléments pour une sociologie de la politique en émigration : l'exemple des hongrois, des polonais et des tchécoslovaques en France de 1945 à nos jours

Defense date:

Jan. 1, 1997

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Institution:

Paris 1

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Most studies consider emigre politics as a ridiculous and useless activity. These statements often come from a misunderstanding of the importance of politics in the life of emigres. We suggest to call "exile" the political space in which move the various emigre groups having all in common to fight against the regime in office in their native country. The case of hungarian, polish and czechoslovak exiles in France from 1945 till now enables us to work out the pattern of a sociological analysis of exile in which the talks of the exiles are taken seriously. First, it seems that the fromation of a political space abroad needs several changes in comparison with the original political field : a different political population, the construction by the exile groups of a legitimity to act politically, the opportunity to set up political activities in the host countries, the availability of financiel means, whether internal or external, and also the transformation of time and space, for the exiles build their own existence on the bracketing their native country's evolution and develop their political activities on the territories of numerous states. But it does not prevent the apparition of a specific structuration, both regarding the relationships between groups - triple structuration : a temporal one with new exiles' arrivals political with the organization of extended political identities, and social, exile being closely related to the contacts of any emigre group with social groups from the host country - and the existence of often unspoken forbiddings aiming at inventing an emigre morality relative to the connections one can maintain with the native country. The exiles and the regime are at war on many points. Nevertheless, the breakdown of the communist regimes in eastern europe in 89-90 did not automatically result in returns home and cessation of political activities.

Abstract FR:

La plupart des études qualifient la politique en émigration d'activité ridicule et inutile. Ces affirmations resultent souvent d'une incomprehension de l'importance de la politique dans la vie des emigres. Nous proposons de nommer "exil" l'espace politique dans lequel evoluent les differents groupes emigres dont le point commun est la lutte contre le regime en place dans leur pays natal. L'exemple des exilés hongrois, polonais et tchecoslovaques en France de 1945 à nos jours permet d'élaborer un modèle d'analyse sociologique de l'exil dans lequel les déclarations des exilés sont prises au sérieux. Il semble d'abord que la formation d'un espace politique à l'étranger nécessite plusieurs aménagements par rapport au champ politique d'origine : une population politique différente, la construction par les groupes exilés d'une légitimité à agir politiquement, la possibilité d'organiser une action politique dans les pays d'accueil, l'existence de financements internes ou externes, mais aussi une transformation du temps et de l'espace, les exilés fondant leur existence sur la mise entre parenthèses de l'évolution de leur pays et déployant leurs activités politiques sur le territoire de nombreux états. Cela n'empêche pas la mise en place d'une structuration specifique, au niveau des relations entre les groupes - triple structuration : temporelle au regard des nouveaux arrivants, politique avec l'organisation d'identités politiques élargies, et sociale, l'exil étant lié aux relations entretenues par chacun des groupes avec des groupes sociaux du pays d'accueil - qu'a celui de l'expression d'interdictions souvent tacites visant à definir une morale de l'exilé quant aux relations qu'il peut entretenir avec le pays d'origine. Par bien des points, les exilés et le régime fui sont en guerre. Pourtant, la chute des régimes communistes en 89-90 n'entraine pas automatiquement le retour au pays et la cessation des activités politiques.