thesis

La clandestinité ouverte : réseaux et registres de la mobilisation des Frères musulmans en Égypte (2005-2010)

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Jan. 1, 2012

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Abstract EN:

How have the Muslim Brothers remained a central political actor in Mubarak's Egypt until the January 25th Revolution, in spite of their illegality and of the repression which targeted them many times ? This study examinates how an illegal political movement manages to exist in the conditions of authoritarianism and it also offers a renewed, non-"Islam focused" perspective on Islamist mobilisations. It shows that the ambivalent status of the "forbidden but tolerated" MB organisation modeled its social anchorage, its internal structure and its negociated position in the egyptian political system, partly inscribing itself in the formal political sphere and partly bypassing it through the implantation in the informal political one. Informal politics is at the core of the MB's modes of existence, protecting them from repression and putting their practices in resonance with vernacular politics. Informality also refers to the mechanisms of the MB's diffusion in social space, to the labile everyday forms of politicisation they deploy and to their organisationnal logics, which are both unyielding and evasive. In the context of the election of 88 MB members of parliament between 2005 and 2010, the "institution of the MP" appears as a relevant site of observation. It takes us into the analysis of the MB's social networks, political strategies and organisational boundaries. The study uses the methodology of "indiciary investigation" based on Ginzburg's paradigm and mobilises the concepts of political ethnography and of the french sociology of political parties' social anchorage, to which it aims to contribute.

Abstract FR:

Comment les Frères musulmans se sont-ils maintenus comme acteur politique dans l’Egypte de Mubarak, en dépit de leur interdiction et de la répression dont ils furent la cible à diverses périodes ? Cette thèse interroge les conditions de possibilité et les modalités d'existence d'un mouvement politique illégal en contexte autoritaire, et propose de décentrer l'analyse des mobilisations islamistes du seul rapport à l'islam. Elle montre comment le statut ambivalent de l’organisation frériste, « interdite mais tolérée », a façonné ses stratégies politiques, ses modes d’ancrage social et de mobilisation quotidienne et la structuration de ses relations internes. Ces dimensions sont interdépendantes et l'informalité y tenait, jusqu'à la chute de Mubarak, une place centrale en permettant de soustraire le mouvement à la répression et de le mettre en résonance avec les formes vernaculaires du politique en Egypte. L'informalité renvoie au développement historique de l'organisation frériste entre inscription dans la sphère politique formelle et contournement par la périphérie politique informelle, mais aussi aux mécanismes de sa diffusion dans l'espace social, aux modes de politisation labiles qu’elle déploie au quotidien ou encore aux logiques à la fois durcies et insaisissables de son fonctionnement interne. Dans le contexte de l’élection de 88 Frères au Parlement entre 2005 et 2010, l’institution du député constitue un site d’observation privilégié. L’analyse repose sur une méthode d’enquête indiciaire (proposée par Ginzburg) et mobilise les approches de la sociologie des ancrages partisans et de l’analyse localisée du politique, auxquelles elle vise à contribuer.