Droits individuels et redéfinition de la laïcité : le cas des tribunaux d'arbitrage religieux en Ontario
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
In this doctoral dissertation l explore the way identity politics redefine secularism. Philosophers in favour of the "politics of recognition" defend the idea that cultures must be preserved. They support institutional measures more respectful of cultural and religious differences. Secularism (defined as a strict separation of public and private spheres) has to be adapted to this new situation. The question of group rights can be thorny when it comes to religious groups. Ln this dissertation, I focus on the implications of this redefinition on individual rights : how can we articulate individual rights with the recognition of religious groups ? To answer this question, l develop an argument in two pans, one philosophical, and one sociological. In the first part, l proceed to an analysis of the writings of three philosophers: Bhikhu Parekh, Charles Taylor and Will Kymlicka. I will analyse which model of diversity is the more convenient to reconcile individual rights and group rights. Ln the second part of my dissertation, I proceed to a sociological case study : the debate about faith based tribunals in Ontario (2003-2005). I identify how secularism has been used by protagonists. My empirical sources are based on various documents : newspapers, government reports, NGO publications. There was a real ambiguity in the Ontarian religious tribunals in regards to individual rights, but the forcefulness of the debate is due to the emergence of Islam within the Canadian public sphere. Thus we see that the faith-based debate can be associated with European debates about Islam, like the controversy over minarets in Switzerland, the ban on the full veil in France and Belgium or the Muhammad cartoons in Denmark. Finally, in the light of my entire study, I establish that Charles Taylor allows a promising articulation between the recognition of religious groups and individual rights.
Abstract FR:
La présente dissertation doctorale explore la manière dont les politiques de reconnaissance redéfinissent la laïcité. Les philosophes partisans des « politiques de reconnaissance » préconisent Ia mise en place d’un dispositif institutionnel plus respectueux des différences culturelles et religieuses. Cette thèse examine les conséquences de cette redéfinition sur les droits individuels comment penser l'articulation entre droits individuels et reconnaissance des groupes religieux ? Pour répondre à cette interrogation, nous développerons un argumentaire en deux parties, l‘une philosophique, l'autre sociologique. La première concerne la littérature récente en théorie politique ayant trait à la redéfinition de la laïcité. Les écrits de trois philosophes majeurs seront étudiés : Bhikhu Parekh, Charles Taylor et Will Kymlieka. Pour chacun d'entre eux, nous analyserons la manière dont y est pensée l'articulation entre les droits individuels et les droits des groupes religieux en répondant à la question suivante : les modèles proposés permettent-ils une reconnaissance des groupes religieux qui n'empiète pas sur les droits individuels ? La seconde partie, sociologique, s'attarde sur une étude de cas : l'affaire des tribunaux d'arbitrage religieux en Ontario, qui a donné lieu à un vif débat public en 2003-2005, et qui représente un cas paradigmatique dans lequel le droit des groupes religieux et les droits individuels ont été présentés comme étant en opposition. Au moyen de divers matériaux empiriques inédits (étude des joumaux et des rapports gouvernementaux), nous nous intéresserons au contenu du débat public, aux arguments avancés par les différents acteurs sociaux, et à la manière dont le thème de la laïcité a été utilisé par les différents protagonistes. Nous établirons pour quelles raisons la philosophie de Charles Taylor permet, en fin de compte, de mieux penser la reconnaissance des groupes religieux.