Lean et Sûreté nucléaire, un oxymore ? : L’articulation de la performance industrielle et descontraintes de sûreté nucléaire : le cas des usines de traitement-recyclage
Institution:
Institut polytechnique de ParisDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
To try and compensate margin loss due to increased regulatory pressure, nuclear industry has massively turned towards Lean. However, Lean is highly contested in the field, as a polar opposite to nuclear safety.Our thesis first showed that the oppositions are not between doctrines of Lean and nuclear safety, but between practical implementations: Lean turning away from industrial excellence to focus exclusively on human or economic resource cuts while nuclear safety focuses mainly on human and technical means.We carried out a qualitative analysis of recent nuclear safety authorities’ demands, and a first quantitative cost assessment of these demands; this analysis shows a recent drift in France’s nuclear safety, from a ‘’proportionate’’ vision, which considers human operators as an asset, to favor a strict inflation of resources and technical barriers.Our work then concretely analyzed the implementation of Lean in all industrial sectors of La Hague plant. Via guided interviews and quantified data, it was possible to compare the cross influence of the two approaches (safety and performance), as well as their acceptance and dissemination within field teams. This study has shown that the two approaches are indeed compatible as long as they are applied by qualified and trained teams to whom we give meaning and a real awareness of safety risks, and also that a safe design of the installations was an important prerequisite for the deployment of the two approaches.Finally, we have illustrated, with two case studies, how to apply such an approach not only to obtain concrete safety and economic gains, but also to gain the consent of the Safety Authority by entering into a virtuous circle – trust/new deployments/success/trust.
Abstract FR:
Pour regagner des marges réduites par l’accroissement de la pression normative dans le domaine de la sûreté, les exploitants nucléaires se sont tous orientés vers des démarches de performance industrielle, de type Lean. Si ces démarches semblent en théorie compatibles avec la sûreté nucléaire, leur compatibilité est contestée sur le terrain, ce qui pose la question de l’opportunité de les déployer ensemble.Notre travail de thèse a d’abord montré que les oppositions n’étaient pas théoriques mais entre les déclinaisons pratiques des deux démarches : la performance devenant synonyme de baisse des coûts, la sûreté se focalisant au contraire sur l’augmentation des moyens. Nous avons réalisé une première évaluation chiffrée des coûts liés à ces évolutions pour illustrer cette dérive récente de la sûreté en France vers l’inflation des moyens et des barrières techniques.Notre travail a ensuite analysé l’implémentation de la démarche Lean sur les différents secteurs industriels de la Hague. Via des entretiens dirigés et des données chiffrées, il a été possible de comparer l’influence croisée des deux démarches (sûreté et performance), ainsi que leur acceptation et diffusion au sein des équipes de terrain. Cette étude a montré que les deux démarches sont compatibles à condition de s’appuyer sur des équipes qualifiées et formées auxquelles on donne du sens et une conscience des risques, et, d’autre part, qu’une conception sûre des installations est un préalable important au déploiement des deux démarches.Nous avons enfin illustré, via deux études de cas, comment décliner une telle démarche en obtenant des gains concrets en sûreté et économiques, tout en gagnant l’assentiment et la confiance de l’Autorité de Sûreté.