De l’évaluation par les utilisateurs à l’évaluation ouverte : pouvoirs, valeurs et mesures à l'épreuve du capitalisme de plateformes
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Abstract EN:
This PhD dissertation focuses on the (re)articulation of powers and values when digital platforms open evaluation to their users. While the construct of digital platforms refers to heterogeneous phenomena (chapter 1) digital platforms are generally considered as new organizational forms. Focusing on transaction platforms, we question the foundations of this assumption and show that management scholars retain users’ evaluations as one of its core components (chapter 2). We therefore conceptualize users’ evaluation as open evaluation - i.e. an evaluation without any pre-defined criteria - to enrich the problematization of its political issues (chapter 3). In fact, if Foucauldian studies approach the development of evaluation tools as a broad historical dynamic, more restrictive conceptualizations of power outline the concrete practices through which actors exert power through evaluation tools and insist more specifically on the role of the definition of the evaluation criteria. But how does power serve value when it imposes no common measure of it? Using case studies - conducted at the level of a market populated by platforms (chapter 4) and at the level of a platform (chapter 5) - we show that while platform managers do not define the evaluation criteria to prevail in the evaluations their users perform, they exercise power and insert values in the exchanges that they intermediate by sketching the landscape of the evaluations produced by the users. To do so, they define the commensurative perimeter of these evaluations and specify the relations that unite the stakeholders of the latter.
Abstract FR:
Cette thèse s’intéresse à la manière dont se (ré)-articulent pouvoirs et valeurs lorsque les plateformes digitales ouvrent l’évaluation à leurs utilisateurs. Alors que le terme de plateforme digitale renvoie à des réalités hétérogènes (chapitre 1) ces plateformes sont généralement envisagées comme de nouvelles organisations. Nous concentrant sur les plateformes de transactions, nous interrogeons les fondements de ce postulat et montrons que la littérature gestionnaire retient l’évaluation par les utilisateurs comme l’un de ses composants (chapitre 2). Nous proposons alors d’envisager l’évaluation par les utilisateurs comme une évaluation ouverte – i.e. une évaluation sans critère imposé - pour enrichir la compréhension de ses enjeux politiques (chapitre 3). De fait, si les études foucaldiennes approchent la mise en mesure du monde comme une dynamique historique, des conceptualisations plus restrictives du pouvoir mettent à jour les pratiques concrètes par lesquelles des acteurs exercent du pouvoir grâce à des instruments d’évaluation et insistent sur le rôle de la définition des critères de mesure. Mais comment le pouvoir sert-il des valeurs lorsqu’il n’en impose aucune commune mesure ? À l’aide d’études de cas – menées au niveau d’un marché peuplé de plateformes (chapitre 4) et au niveau d’une plateforme (chapitre 5) – nous montrons que les gestionnaires de plateformes exercent du pouvoir et instillent des valeurs dans les échanges qu’ils intermédient en dessinant le paysage des évaluations produites par les utilisateurs : ils définissent le périmètre de commensuration de ces évaluations et spécifient les relations unissant les parties prenantes de ces dernières.