Le Petit Monde du cube : Une analyse ethnographique d’un centre d’art numérique dans son environnement
Institution:
Jouy-en Josas, HECDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Today, digital technologies and ICT are one of the most promising field of growth in the world economy. Their diffusion and technological convergence affect artistic activities and cultural industries as well as every day practices. In a strategic analysis, one may wonder what is the value creation and what balance of power exists between stakeholders, to explain why some benefit more than others of these innovations in the field of content creation. One may also like to determine what are the most “creative” organizations and what one means by “creative”. Based on a three year long field study in Le Cube, a digital art centre based in Issy-les-Moulineaux, near Paris, this dissertation attempts to answer this question. In that place, content creators, artists, technicians, entrepreneurs, man- agers and simple users of all ages are welcome to share ideas and learn from each others in a “small world”. All kinds of projects result from these activities with social, economic and cultural orientations. We attempt to describe and analyses the political strategy of this structure in its own “small world” supported by many actors in this turbulent field. However, creation and the “creativity value” cannot be instrumented and become part of a strategy directed towards leading figures to face technological waves and political games. The danger of promoting a “creative industries” model would be to see it as a liberation from traditions and institutions whereas it also comes with a lot of constraints and it also implies difficult choices. With our “creative small world”, we wish to depict important value changes in a specific time and space. We alternate conceptual analysis, description and interpretation in the ethnographic tradition. The “creative small world” wh&ich we describe seems to be faced with a dilemma, despite its obvious success. It must promote the technological tool as both democratic and global and adapt its discourse to dominant players. It does so by suggesting that ICT offer a convergence between economic, social and cultural issues and by modelling its projects in reference to prestigious explorers such as the Quattrocento, the East Indian Companies, the Bauhaus and the Media Lab. This ambition may not reflect the real action of le Cube, an action which legitimates its public funding: its socio- cultural mediation. This useful action points to a general lack of skills in most computer users. Creativity should come as a result of competencies not as a substitute and Le Cube might open the way with its political strategy.
Abstract FR:
Le numérique et les technologies de l’information et de la communication représentent aujourd’hui l’un des secteurs de croissance les plus prometteurs pour l’économie mondiale. Leur diffusion concerne en particulier les secteurs de l’art et de la culture ainsi que, plus généralement, les modes de vie. Que faut-il entendre par « industries de contenu démocratisation de l’accès et partage collectif de la créativité à l’heure du « tout gratuit » ? A l’aune de la stratégie, on peut en effet se demander en quoi consiste la création de valeur et quels sont les rapports de force qui expliquent que certains acteurs soient plus à même de la capter que d’autres. L’on peut aussi s’interroger sur les formes organisationnelles les plus propices à la créativité et ce que l’on entend par ce terme générique. Dans le cadre d’un travail de terrain de trois ans, nous présentons le cas d’un centre d’art numérique consacré à la création, à la diffusion et à la familiarisation. Les différents acteurs du numérique, créateurs, techniciens, entrepreneurs, utilisateurs (adultes, enfants et adolescents) peuvent se croiser dans un lieu situé à Issy-les-Moulineaux (92) et qui se veut une plateforme ouverte à tous. Nous alternons analyse des enjeux, description et interprétation dans la tradition ethnographique. Nous tâchons de décrire et d’interpréter la stratégie politique de ce petit monde qui est parvenu à se gagner de nombreux soutiens par sa créativité dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP). Nous nous interrogeons sur la nature de sa création et sur la « valeur créativité » en général. En effet, bien que cette capacité puisse paraître une libération par rapport au joug des traditions et des institutions, elle pourrait bien fondre comme neige au soleil dès lors qu’on en fait l’instrument d’une stratégie de faire-valoir au gré des vagues technologiques et des jeux politiques. Or, l’on se situe dans un contexte où la question des valeurs se pose sans cesse. A l’échelle du Cube, l’idéal de progrès et la capacité du numérique à réconcilier enjeux économiques, sociaux et culturels en proposant des projets à l’image de modèles tels le Quattrocento, les Compagnies des Indes, le Bauhaus et le Media Lab semble très ambitieux. La réussite du Cube tient surtout à son action de médiation socioculturelle. L’utilité de ce lieu montre que la diffusion des technologies devrait s’accompagner d’une formation des utilisateurs, car la créativité vient couronner la compétence mais ne saurait s’y substituer. C’est ce à quoi la stratégie politique du Cube pourrait ouvrir la voie.