A priori des modèles d'innovation et contingence massive de l'innovation en sciences de gestion
Institution:
Paris, CNAMDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This research first aims to clarify literature about innovation by combining sociological and economic approaches. One of the main questions which is disclosed is the potential conflict between innovation and organization. It is often thought that it is possible to organize innovation. Management models of innovations rely on this assumption. Three types of models can be distinguished: integrative, statistical and monographic model. But the core argument of this thesis is to show that models of innovation are rooted in three implicit questionable a priori: mimetism, modelization of innovating action and scientific neutrality of these models. Hence, we argue that innovation is the place of massive contingency, despite some common but unsufficient organizing principles of explanation. Innovation implies specific knowledge and ability to create new relationships. To better understand it, we recommend that researches about innovation aim to elaborate local theories adapted to specific contexts described by monographies.
Abstract FR:
L'innovation est l'objet d'une attention renouvelée de la part d'entreprises soumises à une pression concurrentielle accrue. La démarche que nous avons adoptée a tout d'abord consisté à ordonner les principaux courants et concepts présents dans le champ de l'innovation. Nous l'avons fait dans une perspective socio-économique. Dans ce vaste ensemble, une préoccupation revient régulièrement. Elle concerne le rapport qu'entretiennent l'innovation et l'organisation. D'ailleurs la problématique de cette thèse s'y inscrit. L'innovation peut-elle être routinisée, c'est-à-dire gérée par l'organisation? A cette question, les modèles gestionnaires d'innovation répondent par l'affirmative. Ils peuvent être définis comme des ensembles de règles et d'orientations généralisantes relatives à la stratégie et au fonctionnement interne des organisations innovantes. Selon ces modèles l'innovation est prescriptible, généralisable et reproductible d'une entreprise à une autre via leur médiation. Nous distinguons ensuite trois types de modèles gestionnaires d'innovation: les modèles intégrateurs, les modèles statistiques et les modèles monographiques. Mais ces modèles sont fondés sur des a priori implicites et douteux. Ceux-ci portent sur la possibilité d'une reproduction mimétique de l'innovation, sur la capacité à modéliser l'action innovante et singulière et sur la neutralité scientifique du discours véhiculé par ces modèles. La remise en cause de ces a priori explique la faible efficacité des modèles d'innovation mais révèle aussi leur rôle politique. Ainsi, les cas que nous étudions illustrent des pratiques idiosyncrasiques de l'innovation. Ces entreprises innovantes se prêtent difficilement à l'imitation par l'intermédiaire de modèles, si l'on en s'en réfère à l'incapacité de leurs concurrents à les rattraper sur des périodes historiquement longues. Ces conclusions nous amènent à renouveler l'approche de l'innovation. Nous proposons de la concevoir comme un phénomène affecté de contingence massive. Sans être erronés, les principes généraux et réducteurs des modèles expliquent une proportion réduite de l'innovation conduite à l'intérieur de chaque organisation. Si innover consiste à établir de nouvelles relations ou à en modifier certaines, alors cet acte de connaissance est peu compatible avec l'anticipation prescriptive de la modélisation. Finalement, nous nous prononçons en faveur d'une approche historique et contextualisée de l'innovation conduite par les organisations. Des théories locales de l'innovation pourront alors être élaborées dans le cadre de monographies. Ainsi, à côté de la confirmation de certains traits communs, sera restituée la pluralité fondamentale des formes de l'innovation.