Une auto-rationalisation douce du travail par le knowledge management dans les firmes de services professionnels : le cas d'un cabinet d'avocats français
Institution:
Jouy-en Josas, HECDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This dissertation concerns the use of knowledge management systems (KMS) in professional service firms and analyzes the implications of this use (1) for professional work and (2) for the organizational control of professional work. The socio-ethnographic study carried out in a large Parisian business law firm from 2005 to 2008 suggests that using KMS makes it possible to mass-customize and standardize the delivery of certain types of professional services. It also shows that work rationalization operates at various levels simultaneously: formally, substantively, theoretically and practically. It is revealed that using KMS fosters a false sense of administrative control over the efficient use of production resources and over the consistency of work deliverables. Counter-intuitively though, social and self-controls of work are reinforced rather than weakened through using KMS. These results lead us to claim that a self-rationalization of work is taking place, both consented and endured by the users. These empirical results have theoretical implications in an emerging research domain: the mutual influence of knowledge management and organizational control of professional work (Morris and Empson, 1998; Ditillo, 2004; Turner and Makhija, 2006)
Abstract FR:
Cette thèse concerne l’utilisation de systèmes de Knowledge Management (KMS) dans les firmes de services professionnels et analyse les implications de cette utilisation pour le travail professionnel d’une part, et pour le contrôle organisationnel du travail d’autre part. L’étude socio-ethnographique menée dans le bureau parisien d’un cabinet d’avocats d’affaires français entre 2005 et 2008 dévoile que l’utilisation d’un KMS de première génération rend possible la mass-customisation et la standardisation de la production de certains services juridiques et fiscaux. Nous montrons que cette rationalisation du travail s’opère simultanément sur les plans formel, substantif, pratique et théorique. Cependant, au lieu de constater un renforcement du contrôle administratif qui irait logiquement de pair avec cette rationalisation plurielle du travail, nous observons l’émergence d’un fantasme de contrôle administratif portant sur l’utilisation efficiente des ressources de production et sur l’uniformisation des outputs. Nous observons aussi que le contrôle social et l’auto-contrôle du travail se trouvent renforcés – et non affaiblis – par l’utilisation du KMS. Ceci nous conduit à conclure à une « auto-rationalisation douce » du travail à la fois consentie et subie par les membres de l’organisation étudiée. Ces résultats empiriques ont des implications théoriques dans le domaine, encore peu exploré, de l’influence croisée entre le Knowledge Management et le contrôle du travail professionnel. Notre recherche s’inscrit dans la lignée des travaux initiés par Morris et Empson (1998), Ditillo (2004) et Turner et Makhija (2006) sur ce thème.