Les processus de sensemaking en situation d’alerte, entre construction sociale du risque et relations d’accountability : le cas des entreprises françaises face à la pandémie grippale de 2009
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
In our societies, the idea has emerged that a well-governed organization has to ensure its organizational resilience and get prepared to extreme events. Yet, existing literature on sensemaking processes in risk and crisis situations highlights the negative side of organizational preparation to a specific risk: in alert situations, i. E. When signals are detected that an anticipated risk could soon occur, existing frames, material devices and social relations developed during risk preparation could lock action and cognition into a predetermined course of action. Tragic consequences could ensue: the misadjusted action could worsen the situation or, a contrario, lead to an oversized mobilization. To understand better the impact of risk preparation on organizational action in an alert situation, we carried out two case studies about the reaction of French firms to the pandemic influenza outbreak in 2009. One of them explores the reactions of a community of practice composed of Business Continuity Managers and the other one investigates the reaction of the Health Safety Environment department in a large business group. We show that sensemaking in alert situations is shaped by the dynamics of interactions between elements stemming from the social construction of the risk but also by the social relationships in which the actors are inscribed, more specifically by their accountability obligations. In this way, we contributed to debates about the effects of organizational risk preparation by suggesting a conceptualization of the alert situation, and to sensemaking theory by exploring the social aspect of this process, particularly the impacts of accountability relationships.
Abstract FR:
Dans nos sociétés, l’idée s’est imposée qu’une organisation bien gouvernée doit pouvoir assurer la continuité de ses activités face à des événements extrêmes. Pourtant, les travaux sur les processus de construction du sens (sensemaking) signalent l’existence d’effets néfastes de la préparation organisationnelle à un risque spécifique : les cadres, dispositifs matériels et relations sociales qui s’y structurent contribueraient, en situation d’alerte, lorsque le risque craint semble près de se réaliser, à enfermer action et cognition dans une ligne déterminée. Pourraient en résulter des effets dramatiques : l’action mal-ajustée aggraverait la catastrophe ou a contrario susciterait une mobilisation surdimensionnée. Pour mieux saisir les effets de la préparation à un risque sur l’action en situation d’alerte, nous produisons deux études de cas sur la réaction d’entreprises françaises à la pandémie grippale de 2009. Elles explorent la réaction d’une communauté de pratique de Business Continuity Managers et de la direction Health Safety Environment d’un grand groupe. Nous montrons que le sensemaking en situation d’alerte est modelé par les dynamiques d’interactions entre les éléments issus de la construction sociale du risque et les relations sociales dans lesquelles les acteurs sont inscrits, en fonction notamment de leurs obligations à rendre des comptes à d’autres acteurs (accountability). Nous contribuons ainsi au débat sur les effets d’une préparation organisationnelle aux risques en proposant une conceptualisation de la situation d’alerte ainsi qu’à la théorie du sensemaking en explorant l’aspect social de ces processus, notamment l’impact des relations d’accountability.